Le ministère de la Santé a communiqué la liste des 450 médicaments essentiels qui devront faire l'objet de mesures renforcées pour garantir au mieux leur disponibilité. Malgré cette mesure, et le plan de relocalisation de la production de plusieurs médicaments annoncé par le président de la République, François Braun a admis qu'il y aurait toujours des pénuries dans les mois qui viennent, notamment l'hiver prochain.
Dans le cadre de sa stratégie de lutte contre les pénuries et tensions d'approvisionnement, l'exécutif avait annoncé la constitution « d’une liste évolutive de médicaments dits « essentiels » pour répondre aux besoins prioritaires des Français ». Attendue pour la fin mai, cette liste n'aura donc finalement été divulguée qu'à la mi-juin. Comme le précise le ministère, « elle comprend plus de 40 % des médicaments qui ont eu des déclarations de rupture dans les deux dernières années ». À partir de cette liste, « des travaux spécifiques vont être engagés pour mieux garantir leur disponibilité : suivi renforcé sur les capacités d’approvisionnement, analyse des pratiques de prescription et des tendances d’achat, solutions correctrices nécessaires pour assurer la réponse au besoin, pour certains médicaments des opérations de relocalisation », détaille le ministère. Il est notamment question de cartographier et de renforcer les chaînes de production globales, ainsi que les réseaux de distribution, ou encore de mettre en place des solutions de production de secours dans le cadre du plan blanc. « L’objectif du gouvernement sera ainsi d’assurer la disponibilité d’au moins un médicament essentiel pour une classe donnée de médicaments et pour une pathologie donnée afin de garantir un soin de qualité », précise enfin l'avenue de Ségur.
La liste en elle-même, qui sera donc susceptible d'évoluer avec le temps, intègre notamment des médicaments essentiels car associés aux plans de santé publique, comme les traitements de substitutions nicotiniques, la naloxone, les traitements substitutifs des opiacés, des contraceptifs ou encore des vaccins. La liste complète est à retrouver dans un document mis en ligne par le ministère de la Santé.
Quoi qu'il arrive, les effets concrets de cette liste en termes de réduction des pénuries ne pourront bien sûr être observés immédiatement sur le terrain, comme le souligne Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « Sur le long terme, il est intéressant de savoir qu'il y aura une vigilance accrue sur la disponibilité de certaines molécules et principes actifs. Par ailleurs, nous sommes bien sûr favorables aux projets de réindustrialisation qui ont été annoncés. Cela dit, ce dont nous avons besoin au comptoir ce sont avant tout des mesures plus prosaïques. Avoir des informations précises sur la disponibilité ou non d'un produit et avoir des solutions pour disposer d'alternatives thérapeutiques en cas de problème ». La constitution de stocks de 4 mois pour les médicaments référencés dans la liste permettra de disposer de réserves importantes à utiliser quand la situation sera tendue. « Sauf qu'aujourd'hui, nous sommes précisément dans une situation de crise, rappelle Philippe Besset. Constituer des stocks cela ne doit pas être une fin en soi. Cet hiver, nous avons rencontré des problèmes car les laboratoires tenaient avant tout à reconstituer leurs stocks quitte à mettre moins de médicaments sur le marché. L'intérêt de faire des stocks c'est au contraire de les utiliser quand on en a besoin. »
Invité ce mercredi matin sur « RTL », François Braun a d'ailleurs admis que les mois à venir allaient être compliqués. « On va avoir des pénuries encore », a-t-il reconnu, évoquant notamment un hiver « compliqué ». Sur la même ligne que Philippe Besset, il souhaite que moins de stocks soient constitués lorsque la situation est tendue, « mais que les Français puissent toujours trouver les médicaments dont ils ont besoin ».
Pour Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens (USPO) le plus important est désormais de faire preuve de réactivité. « Il faut que cette liste puisse évoluer, qu'elle colle à l'actualité, qu'elle soit adaptée en cas de nouvelle épidémie par exemple. L'ANSM devra faire son travail de "gendarme" et il faudra faire preuve de transparence », insiste-t-il.
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