UNE PHARMACIE ferme tous les trois jours. C’est ce que confirment les dernières statistiques démographiques de l’Ordre des pharmaciens rendues publiques ce jour. En effet, 123 officines ont mis la clé sous la porte en 2013, portant ainsi le nombre de pharmacies en France métropolitaine, à 21 915. Plus précisément, 93 licences ont été restituées et 30 ont été supprimées à la suite d’un regroupement. Une pratique très peu utilisée par les officinaux en raison de la complexité des modalités de mise en œuvre, estime l’Ordre. Résultat, « les pharmaciens continuent de préférer aux regroupements, les rachats et cessions d’actifs entre officines, opérations économiques plus faciles et moins onéreuses ». Dans le même temps, 266 transferts ont été réalisés, essentiellement au sein d’une même commune, seulement deux transferts s’étant effectué d’une ville à une autre. Les communes rurales de moins de 5 000 habitants sont les principales concernées par ces mouvements. L’étude de l’Ordre montre également que la recomposition de la desserte observée ces cinq dernières années dans les zones urbaines d’Ile-de-France, du Sud Est et de l’axe rhodanien se poursuit. Mais au final, le réseau des pharmacies ne semble pas trop bouleversé. « Cette année encore et plus que jamais, la profession, pour s’adapter aux contraintes économiques et aux évolutions professionnelles, se concentre, relève la présidente de l’Ordre des pharmaciens, Isabelle Adenot. Le maillage territorial reste néanmoins toujours harmonieux. »
L’essor des holdings.
Le nombre de points de vente diminue et l’exercice individuel aussi. « Depuis dix ans, l’évolution des structures d’exploitation des officines est caractérisée par un double phénomène, souligne l’Ordre. La première tendance de fond est la préférence désormais marquée pour la forme d’exploitation associative par rapport à l’exploitation en nom propre. La seconde tendance est, au sein de l’exercice en société, la très forte croissance du nombre des entreprises exploitées en société d’exercice libéral (SEL) qui s’est vu multiplié par plus de 20 entre 2000 et 2013. » Quant aux toutes jeunes sociétés de participations financières de professions libérales (SPFPL), autorisées seulement depuis l’an dernier, elles suscitent déjà l’engouement des pharmaciens associés en SEL. En effet, 140 SPFPL ont été inscrites au tableau au cours du second semestre 2013. À noter que cinq d’entre elles possèdent dans leur capital un pharmacien adjoint.
Ces nouvelles formes juridiques, et les perspectives qu’elles offrent, représentent peut-être un moyen d’attirer à nouveau les jeunes dans la profession. Ou tout du moins de les garder. Car, selon les statistiques ordinales, « le taux d’évaporation, rapport entre le nombre de nouveaux inscrits diplômés depuis moins de 3 ans et le nombre de postes ouverts au concours 6 ans plus tôt, est en 2013 de 26,3 %, soit 786 diplômes "évaporés" ». Un niveau jamais atteint jusqu’à présent.
De plus en plus vieux.
Pourtant, la profession aurait bien besoin de ces jeunes diplômés. Car le vieillissement de la population pharmaceutique s’accentue encore, avec une moyenne d’âge de 46,5 ans, qui atteint même 49,6 ans chez les titulaires d’officine (la plus élevée). Sur les 2 600 pharmaciens qui ont plus de 66 ans, 75 % exercent en officine. « Malgré une moyenne stabilisée, la population de pharmaciens reste d’âge élevé », analyse l’Ordre, qui prévoit tout de même un ralentissement du vieillissement de la population aux alentours de 2 021. La raison ? Le départ à la retraite de la génération actuellement la plus nombreuse et une arrivée relativement importante d’une population de jeunes pharmaciens grâce à la réévaluation du numerus clausus débutée en 2004, répond l’Ordre. Mais pour l’heure, « les pharmaciens retardent leur départ à la retraite et la profession n’attire plus les jeunes : 26,3 % des jeunes diplômés ne s’inscrivent pas à l’Ordre et le nombre d’adjoints qui deviennent titulaires, a baissé de 12,5 % en 2013 », constate Isabelle Adenot. Mais la présidente de l’Ordre veut rester optimiste : « Connaître pour construire l’avenir, tel est l’objet de ce rapport démographique. »
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