LA RÉFORME de l’honoraire continue d’agiter la profession. Si la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) croit dans le protocole d’accord signé début janvier avec l’assurance-maladie, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) n’a paraphé ce texte que du bout des doigts. Et avec la ferme intention de renégocier la modification de la marge dégressive lissée (MDL) envisagée. Quant à l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), elle a carrément refusé de signer le protocole d’accord.
Dans ce contexte de division syndicale, il paraît normal que de nombreux pharmaciens se posent encore des questions sur le bien-fondé de la réforme engagée. C’est le cas notamment en Ile-de-France. Les représentants de la région francilienne des trois syndicats (FSPF, USPO et UNPF) ont décidé de prendre leurs plumes pour faire part aux présidents de leurs structures nationales respectives de « leurs inquiétudes et désaccords » sur la réforme proposée par l’assurance-maladie et leur demander des « éclaircissements ». « Le protocole d’accord signé le 9 janvier 2014 est une avancée et une base de travail pour l’avenir, mais la vision globale du protocole ne nous semble pas permettre de pérenniser l’économie de nos officines sur 5 ans », écrivent-ils. À leurs yeux, « la réforme prévue est incomplète et doit être corrigée dans les meilleurs délais ».
Les réserves de l’USPO et l’UNPF.
La réponse de l’USPO n’est pas de nature à les rassurer. « Il n’y a aucune protection contre les baisses de prix en concentrant notre rémunération sur les médicaments les moins chers exposés au risque de déremboursement, ou au changement de conditionnement, en baissant la marge de tous les médicaments au-dessus de 1,81 euro, soit 89 % des références », réaffirme son président, Gilles Bonnefond, tout en rappelant que l’USPO a signé ce protocole d’accord avant tout pour continuer à participer aux négociations sur les génériques et sur la partie métier (asthme, traitements substitutifs aux opiacés…) Il ajoute : « L’USPO ne cesse de demander la création de véritables honoraires de dispensation à l’ordonnance, en particulier pour les ordonnances où la rémunération du pharmacien est trop faible. » Le président de l’USPO considère également que les honoraires de 50 centimes pour établir un plan de prise sont une aumône, alors qu’il s’agit d’un travail supplémentaire. Aussi, pour lui, il est clair que la réforme de la rémunération nécessite de nouvelles simulations et de nouvelles approches.
La présidente de l’UNPF, Françoise Daligault, n’est pas plus rassurante. « L’UNPF partage vos inquiétudes sur les risques de fragilisation de la profession, écrit-elle. Si nous sommes favorables à une évolution du mode de rémunération des pharmaciens, nous pensons qu’elle doit être structurée et mesurée et apporter un minimum de garanties pour l’ensemble de nos confrères. » Selon elle, le protocole d’accord signé par les deux autres syndicats présente plusieurs points qui posent problème : « il ne propose pas de déconnexion des volumes, l’impact sur les produits de la 2e et 3e tranches de la MDL est délétère, alors que ces tranches sont en croissance, il favorisera la concurrence entre pharmacies et il est subordonné à la publication officielle de plusieurs textes (fixation du taux des remises sur les génériques, arrêté de marge, taux de prise en charge, les modalités d’application aux prescriptions médicales facultatives remboursables non prescrites, le taux de TVA applicable à l’honoraire) », explique la présidente de l’UNPF. Mais surtout, elle déplore que ce protocole ne permette pas de sécuriser les prestations sur les génériques, alors même que les contrats de coopération sont « vitaux pour l’économie officinale ».
Les présidents FSPF convaincus.
Plutôt que de répondre par courrier, le président de la FSPF, Philippe Gaertner, a préféré, lui, réunir l’ensemble des bureaux et des présidents des syndicats d’Ile-de-France rattachés à la FSPF. Et il semble les avoir convaincus de l’intérêt de la réforme engagée. Ceux-ci indiquent en effet avoir ainsi « pris connaissance des analyses micro et macroéconomiques sérieuses et concrètes prenant en compte la typologie de toutes les officines ». Et pour eux, pas de doute, « ces études permettent à ce jour d’engager avec confiance les pharmaciens sur ce protocole, et de protéger 4 000 pharmacies menacées de fermeture à ce jour ». Du coup, les présidents FSPF d’Ile-de-France démentent tout rapprochement avec la position de l’UNPF, comme l’avait laissé entendre un récent communiqué du syndicat présidé par Françoise Daligault. Philippe Gaertner ne compte pas s’arrêter aux officinaux franciliens, puisqu’il a entamé un tour de France pour expliquer la réforme aux confrères. « Nous voulons laisser le temps aux pharmaciens de poser toutes les questions de manière à pouvoir dissiper les inquiétudes, souligne le président de la FSPF. Tant de contre-vérités ont été dites. »
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