Pour protester contre l’attitude « non scientifique et dangereuse pour la santé publique » du gouvernement italien, notamment en matière de vaccination, le Pr Walter Ricciardi, président de l’Institut supérieur de la santé, a démissionné.
Depuis l’arrivée aux affaires du gouvernement de coalition Mouvement 5étoiles (M5s) et Ligue, les relations se sont dégradées avec la communauté scientifique. Le milieu médical reproche à l’exécutif ses positions ambiguës, notamment en ce qui concerne le dispositif sur la prophylaxie obligatoire (10 vaccins liés à l’inscription en collectivité) qu’il veut détricoter. Il déplore aussi le manque d’attention envers la médecine et la santé publique qui s’est traduit par une réduction des investissements dans le cadre de la loi budgétaire 2019. Ce sont d’ailleurs toutes ces raisons qui ont poussé le Pr Walter Ricciardi, président de l’Institut supérieur de la santé (ISS), à démissionner en décembre dernier.
Dans un entretien accordé au lendemain du Nouvel An au prestigieux quotidien milanais « Il Corriere della Sera », cet universitaire spécialisé dans la prévention a expliqué sa décision. « Lorsqu’un vice président du Conseil (Matteo Salvini, patron de la Ligue, N.D.L.R.), affirme qu’en tant que père, il trouve qu’il y a trop de vaccins inutiles et dangereux, ce n’est pas une position non scientifique, c’est une prise de position anti-scientifique ; il ne voit pas qu’en Italie nous appliquons les protocoles internationaux », a tonné le Pr Ricciardi. Il a également évoqué le « manque de courage au niveau des investissements qui va se traduire par un affaiblissement et un appauvrissement du système de santé italien ». Durant cet entretien, l’ex-président de l’ISS a aussi cité les prises de position « dangereuses » de certains membres de l’exécutif, comme le ministre de l’Environnement sur « l’inutilité des usines d’incinération de déchets, un concept obsolète ». Le Pr Ricciardi a aussi critiqué les déclarations « à l’emporte-pièce » de la Ligue sur les migrants « porteurs de maladie ».
Après la démission du Pr Ricciardi, trois autres chercheurs membres du Conseil de l’ISS, ont également jeté l’éponge. Une décision inacceptable pour la ministre de la Santé, Giulia Grillo (M5s), qui brandit la menace de poursuites judiciaires au prétexte que les scientifiques entachent la réputation et l’image du gouvernement avec leurs démissions en cascade.
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