L’AVENIR de la pharmacie mobilise-t-elle encore les officinaux ? Pas certain. Seulement une vingtaine de pharmaciens franciliens avaient fait le déplacement pour écouter le bilan dressé par le vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset, sur l’instauration de la rémunération mixte et les perspectives d’évolution de l’économie de l’officine. Il est vrai que ce soir-là, le Paris-Saint-Germain affrontait l’équipe de football de Barcelone. Mais la faible affluence n’a pas démotivé pour autant le vice-président de la FSPF. Après avoir constaté que « malgré des volumes stables, les baisses de prix subies par les médicaments remboursables avaient notablement impacté le chiffre d’affaires des officines françaises », en 2013 (-1 %) et en 2014 (-0,5 %), Philippe Besset s’est donc voulu rassurant. « L’année dernière, la marge brute est globalement revenue à hauteur des 30 % du chiffre d’affaires », déclare-t-il avec une certaine satisfaction. Une performance qu’il n’hésite pas à mettre sur le compte de la politique conventionnelle. « L’apport de la rémunération conventionnelle est triple », explique-t-il. Elle octroierait d’abord quelque 120 millions d’euros au réseau ; soit un peu plus de 5 000 euros par officine. Elle instaurerait ensuite un forfait qui est protecteur face aux baisses de prix et permettrait donc aux officines de bénéficier d’une rémunération partiellement figée. Elle pourrait enfin être régulièrement réévaluée dans le cadre de débats permanents avec l’assurance-maladie. Selon le vice-président de la FSPF, « l’ensemble des dispositifs qui ont été mis en place dans le cadre de la convention pharmaceutique, et en particulier la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) et le tiers payant contre générique, ont ainsi permis une augmentation de la rentabilité des officines ». Chiffres fournis par la société de financement INTERFIMO à l’appui, il a ainsi expliqué que l’évolution des bilans, depuis 2005, montre « une baisse du chiffre d’affaires, mais une progression de la marge brute qui suit désormais l’inflation et engendre une croissance de l’excédent brut d’exploitation (EBE) ».
Pas question pour autant de baisser la garde. Philippe Besset rappelle ainsi que les baisses de prix massives enregistrées entre 2013 et 2014 ont eu pour effet de faire reculer d’environ 5 000 euros la marge moyenne de l’officine sur le médicament remboursable. Celle-ci est ainsi tombée d’un peu moins de 248 000 euros en 2013 à un peu plus de 242 000 euros en 2014. « Mais si la réforme de l’honoraire était intervenue dès le 1er janvier 2014, la marge moyenne de l’officine se serait alors située à 245 000 euros », insiste-t-il, avant d’ajouter : « avec un honoraire à 1 euro, la rémunération aurait même été de 247 600 euros ». Soit l’équivalent de la rémunération de 2013.
Pour le vice-président de la FSPF il est donc urgent de reprendre les négociations. D’autant que de nouvelles baisses de prix sont prévues en 2015 et que d’autres encore pourraient être programmées en 2016. Les représentants syndicaux entendent bien faire admettre au directeur de l’assurance-maladie qu’en plus de l’honoraire à la boîte et de l’honoraire pour la dispensation des ordonnances complexes, « il faut désormais instaurer un honoraire général de dispensation afin d’ajuster les niveaux de baisses de prix ». Sans oublier la reconnaissance de nouvelles missions, telle que l’observance. C’est à ce prix seulement que l’officine retrouvera une certaine santé.
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