« On avait envie de travailler en groupe, de se libérer du temps pour des formations, ou pour nous-mêmes », explique Cécile Moisan, ex-titulaire de la pharmacie des Arcades, et nouvelle co-titulaire, avec Stéphanie Gesny, de la pharmacie Centrale. Le vieux et historique Dinan, avec ses rues étroites et ses maisons à pans de bois et encorbellement, comptait cinq officines : les deux les plus éloignées ne l'étant pas de 300 mètres. Ce projet de rapprochement était depuis longtemps dans l'air.
Il aura fallu le départ à la retraite des deux co-titulaires de la pharmacie Centrale, ainsi que celui de la titulaire de la pharmacie Lelièvre-Blanchard, pour que tout se décide. Emmanuelle Le Bihan, de la pharmacie Le Bihan, a vendu son officine à Cécile Moisan et Stéphanie Gesny. Elle devient adjointe de la nouvelle officine. Les nouvelles titulaires ont fusionné leur activité, l'ont transférée, et libéré leurs précédents locaux.
La nouvelle pharmacie emploie cinq pharmaciens, les deux titulaires, Emmanuelle Le Bihan, et deux adjointes à temps partiel qui travaillaient auparavant avec les titulaires. Les neuf préparateurs des cinq pharmacies sont tous repris, et les équipes se trouvent à présent regroupées. « Cela aurait dû être fait depuis longtemps », s'exclame Emmanuelle Le Bihan, quatorze ans titulaire rue du Marchix, à 50 mètres de la Pharmacie centrale. Pour elle, « tout va bien se passer ».
Un regroupement logique
« Les patients comprennent bien, confirme Stéphanie Gesny, depuis vingt ans dans son officine. Ce regroupement est logique pour assumer nos missions de pharmaciens, tenir, par exemple, des entretiens. Nous serons, de plus, ouverts en continu (8 h 30-19 h 45), et pourrons rendre un service plus important. »
« Notre métier évolue, mais nos petites structures ne pouvaient pas évoluer, poursuit Cécile Moisan, titulaire depuis onze ans. Trois de nos officines réalisaient un chiffre d'affaires représentant la moitié de celui de la Pharmacie centrale (1,3 million d'euros), la quatrième était encore plus petite. Nous n'avions même pas le temps de nous absenter pour une formation. Nous pourrons être neuf personnes, dix le mardi, présentes en même temps à la pharmacie. Les patients ont compris qu'on ne les quitte pas. »
Joëlle Deguillaume, pharmacienne à Matignon, et responsable syndicale (FSPF), estime que « c'était nécessaire », même si elle aurait laissé deux officines « pour laisser un choix en ville. Il y a pas mal de petites officines surnuméraires en ville par rapport au quota actuel, poursuit-elle, et de tels regroupements sont de bonnes choses sur le plan économique. Ce regroupement est logique, il n'entre pas dans le cadre des préconisations de la Cour des comptes ! » (voir « Le Quotidien » du 25 septembre 2017).
Didier Lechien, maire de Dinan, a été avisé par les porteuses du projet, auquel il s'attendait, sachant que les deux pharmaciennes y travaillaient ensemble. « Aucune réaction de la population, aucun courrier, aucune interpellation ne m'ont été faits, observe-t-il, mais ce regroupement des pharmacies est un service supplémentaire pour les Dinanais qui trouveront toujours une porte ouverte. » Le maire ne redoute pas la perspective de quatre cellules commerciales vides, Dinan ayant un très faible taux de vacances commerciales. Il voit en revanche des médecins partir à la retraite, des jeunes désireux de s'installer, et sait que la commune devra « accompagner les professionnels de santé. La décision leur appartient, aux élus d'être des facilitateurs pour trouver les solutions les plus efficaces pour la population ». Les officines ont peut-être ouvert une nouvelle voie pour la santé publique à Dinan.
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