Les pharmaciens en ligne réagissent à l’interdiction de vendre des médicaments contenant de la codéine sans ordonnance. Selon eux, la ministre de la Santé a pris une décision dans la précipitation sans en anticiper les effets sur les patients.
« Tous les patients ne sont pas des apprentis toxicomanes ! », s’insurgent les pharmaciens en ligne réunis au sein de l’association Afpel. L’arrêté à effet immédiat pris le 12 juillet par la ministre de la santé complique la vie des milliers de patients qui prennent ces médicaments pour combattre des douleurs modérées à sévère. Ils devront désormais se rendre chez leur médecin pour obtenir une prescription pour tout produit contenant de la codéine, du dextrométhorphane, de l’éthylmorphine ou de la noscapine.
Les pharmaciens se voient par là même dépossédés de leur rôle de conseil. « Comment les pharmaciens soigneront-ils des douleurs importantes ? », s’interroge l’Afpel qui doute par ailleurs de la capacité des cabinets médicaux, débordés, à absorber cet afflux de patients supplémentaires. Et de prédire que « la rentrée risque d’être compliquée pour les professionnels de santé ».
L’Afpel ne nie pas le mésusage de ces produits, ni le phénomène des purple drank, Codésprite, Syzzurp, lean, ou autres cocktails bleus. « Il est vrai que nos sites de vente en ligne de médicaments sont confrontés régulièrement au « Purple drank » », reconnaît l’Afpel. Son président, Cyril Tétart estime à 5 % le taux de commandes en ligne bloquées sur son site par son équipe en raison de ces abus.
Mais rendre la prescription obligatoire n’est pas la solution pour le titulaire de la pharmacie du Bizet à Villeneuve d’Ascq (Nord) et détenteur du site « lasante.net ». Comme les autres adhérents de l’Afpel, il combat ces détournements par une vigilance accrue. « Nous avons émis nos propres règles : pas plus d’une boîte à la fois, pas de commandes sous des noms différents mais groupées à la même adresse, ou encore pas de livraisons associant ces produits », expose le pharmacien qui observe depuis le 12 juillet une chute drastique des commandes en ligne. Les internautes sont en effet désormais obligés de retirer leur produit à l'officine, munis d'une ordonnance.
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