Alors que l’épidémie de choléra a causé un premier décès à Mayotte, le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux refuse de recourir à la vaccination de masse et appelle au respect des gestes barrières.
En déplacement cette semaine à Mayotte, le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux a voulu rassurer la population locale, confrontée à une épidémie de choléra depuis le 19 mars. Jusqu’ici, 65 cas ont été recensés ainsi qu’un décès, celui d’une enfant de 3 ans. Cette petite fille habitait dans un bidonville sans eau courante dans le quartier Kirson au sein de la commune de Koungou, qui, avec une cinquantaine de cas, est devenue le principal foyer de contamination à Mayotte.
« Un mort, c’est toujours un de trop, c’est quelque part un échec, mais on essaye d'éviter cela le plus possible par la vaccination et la promotion des gestes de prévention », a déclaré Frédéric Valletoux aux soignants du Centre hospitalier de Mayotte. Le 7 mai, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) recommandait de garantir un accès à l’eau potable, de sensibiliser la population aux mesures d’hygiène, notamment au lavage régulier des mains et de « co-construire avec la population des pratiques funéraires sûres », en plus de mettre en place une vaccination anticipée des intervenants de première, puis de seconde ligne et enfin, au cas par cas, dans l’entourage des patients.
En tout, plus de 3 700 personnes ont déjà été vaccinées dans le seul quartier de Kirson selon le ministre, qui a affirmé ce vendredi 10 mai sur « RTL » que 7 000 vaccins étaient disponibles sur l’île et que 6 000 doses supplémentaires seraient acheminées la semaine prochaine. Interrogé la veille sur la faisabilité d’une « vaccination de masse », réclamée par Estelle Youssouffa, députée de Mayotte, Frédéric Valletoux a affirmé que cette action « n’aurait aucun sens ». « Ce qui pourrait limiter les dégâts, ce sont les gestes barrières », avait-il dit au journal de 19 heures de « Mayotte la 1re ».
Une stratégie remise en question par la coordinatrice de l’ONG Médecins du monde à Mayotte, Marion Ramstein. Interrogée sur les ondes de « France info », elle qualifie la réponse du gouvernement d’inadéquate. Elle dénonce également l’intensification des interpellations à proximité directe des centres de santé, voire dans les salles d'attente, qui dissuadent les clandestins de s'y rendre. Or, il s’agit de la population la plus à risque. Dès la mi-mars, 10 cas de choléra importés avaient été enregistrés chez des personnes récemment arrivées des Comores, territoire où 4 900 cas et 98 décès ont été signalés depuis le début de l’année.
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