Depuis la parution d'un arrêté en 1973, les pharmacies de Castres, dans le Tarn, ont l'interdiction d'ouvrir le lundi, une situation aujourd'hui unique en France. Pour déployer des opérations de dépistage du Covid-19, la préfète du département vient de prendre un nouvel arrêté qui va permettre aux officines de la ville qui le souhaitent d'ouvrir le premier jour de la semaine, pendant les 6 prochains mois. Une décision qui provoque quelques remous.
Depuis près de 50 ans, les pharmacies castraises gardent leur rideau métallique baissé tous les lundis, avec trois officines de garde pour 40 000 habitants. Une situation qui perdure depuis le 7 juillet 1973 et la publication d'un arrêté préfectoral, alors pris dans le but de permettre aux salariés de bénéficier de deux jours de repos consécutifs. Si dans d'autres villes des pharmaciens s'étaient mis d'accord entre eux pour que les officines gardent portes closes le lundi, Castres est aujourd'hui l'unique ville en France où une telle mesure est imposée par arrêté préfectoral. Dans le contexte de la crise sanitaire, la préfète du département a décidé, en début de semaine, de mettre fin à cette règle, au moins provisoirement. « Pour une durée de 6 mois, les pharmacies de la commune de Castres qui le souhaitent pourront ouvrir le lundi toute la journée à titre exceptionnel en vue du déploiement des opérations de dépistage Covid-19 dans les meilleures conditions possible », détaille ainsi le texte qui prendra effet dès le 15 février.
Ce jeudi matin, c'est en lisant un article paru dans « La Dépêche du Midi » que des officinaux ont appris la nouvelle. « On est un peu pris de court, on nous prévient tard… regrette un pharmacien installé près du centre-ville. Ici, toutes les pharmacies de la ville, ou presque, veulent rester fermées le lundi. Nous avons ce système de garde le lundi, qui est financé par l'assurance-maladie et que nous souhaitons conserver. Il est donc dommage que cette décision ait été prise sans aucune concertation. » Si la majorité des pharmaciens de Castres préfèrent donc ne pas ouvrir le lundi, ce n'est pas le cas de tous. En effet, en 2017, une pharmacienne nouvellement installée à Castres décide d'ouvrir son établissement du lundi au samedi. La réaction de ses confrères ne va pas se faire attendre, ils décident d'attaquer l'officinale pour « pratique anticoncurrentielle ». Rappelant le caractère légal de l'arrêté interdisant l'ouverture des pharmacies castraises le lundi, le tribunal administratif va leur donner raison et l'officinale va devoir renoncer à ouvrir le premier jour de la semaine, sous peine d’une astreinte de 50 000 € à verser à chaque ouverture ce jour-là.
Une affaire ravivée par l'arrêté pris cette semaine par la préfète du département. Président du syndicat des pharmaciens du Tarn (FSPF), Bernard Champanet redoute que cette décision ne génère des conflits, même si elle ne doit normalement durer que quelque temps. « Cet arrêté est pris dans l'intérêt de la santé publique, nous ne pouvons ignorer que le Tarn se trouve dans une situation sanitaire très difficile à cause du Covid, je n'ai aucune intention de le contester », précise-t-il en préambule. « Je comprends néanmoins que des pharmacies qui ont un petit nombre de salariés se sentent pénalisées, on peut en effet redouter que cette décision ne favorise les grosses structures, mais je redoute surtout que cela crée des divisions entre les pharmaciens castrais. Et nous n'avons vraiment pas besoin de conflits en ce moment », souligne Bernard Champanet.
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