Le groupe Carrefour a annoncé que des autotests pour le Covid-19 seraient livrés dans certains de ses magasins dès ce week-end. Alors que les autres acteurs de la GMS ont quasiment tous pris position pour en vendre dans les jours qui viennent, les représentants de la profession font front commun pour que cet outil de dépistage soit réservé aux professionnels de santé.
Si ses concurrents (Leclerc, Système U, Aldi…) ont également annoncé leur intention de vendre des autotests à leurs clients, le groupe Carrefour a semble-t-il décidé de prendre tout le monde de court. « Les autotests nasaux bientôt disponibles dans les magasins Carrefour ! Un million de tests ont été commandés et ils commenceront à être livrés ce week-end. », a ainsi tweeté le géant de la GMS le 17 mars. Curieusement, sur la photo accompagnant le tweet, on découvre un produit de la marque Wondfo, qui semble être une boîte de tests antigéniques classiques réservés aux professionnels de santé ! La boite de 20 tests serait vendue par Carrefour au prix de 39,90 euros.
Une annonce qui a poussé de très nombreux médias à annoncer que des autotests seraient en vente dès ce samedi dans les rayons des magasins Carrefour disposant d’une parapharmacie. Sauf qu’à l’heure actuelle, la liste des autotests validés par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) n’est toujours pas connue et les textes qui détermineront par qui ils pourront être distribués attendent également d’être publiés. De fait, la vente d’autotests n’est toujours pas autorisée en France aujourd’hui. Un hypermarché des Alpes-Maritimes, qui avait commencé à en vendre il y a quelques jours en toute illégalité, s’est ainsi fait taper sur les doigts par l’agence régionale de santé. « Si Carrefour vend des autotests samedi, leurs premiers clients seront nos huissiers », promettent Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) et Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO). « Avec cette annonce, Carrefour s’est offert un joli coup de pub, comme ils l’avaient fait il y a près d’un an avec les masques. Ce sont des profiteurs de guerre », dénonce le président de l’USPO.
Comme le confirment Laurent Filoche et Gilles Bonnefond, un arrêté dérogatoire, qui autoriserait la vente d’autotests ne bénéficiant pas du marquage CE, est, lui, bien à l’étude. Une mesure déjà prise en France au moment de l’arrivée des premiers tests antigéniques et également appliquée par les pays européens, comme l’Allemagne, qui ont récemment autorisé la vente d’autotests. « L’objectif, c’est de permettre aux autotests d’arriver plus vite sur le marché mais cette mesure ne signifie en rien que la GMS pourra les vendre », explique toutefois Gilles Bonnefond.
Avec le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Federgy ou encore l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF), l’USPO et l’UDGPO viennent de publier un communiqué commun pour exiger que la réalisation des autotests soit assurée par des professionnels de santé. « La HAS recommande un prélèvement nasal profond qui doit être accompagné d’une formation. La fiabilité du résultat du test dépend de la qualité de réalisation du prélèvement. Quel suivi de la pandémie peut-on espérer si la population est appelée à se tester elle-même, sans conseil d’un professionnel, sans accompagnement et sans indication de conduite à tenir en cas de résultat positif ? Sans notification, ni traçabilité de son parcours ? », interrogent les signataires. Compte tenu de la situation sanitaire « de plus en plus complexe », les représentants de la profession estiment que « la stratégie de dépistage doit plus que jamais s’exercer dans un cadre de conseil et de suivi rigoureux, par des professionnels de santé formés et aguerris ».
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