Dans un article paru le 3 août, l'association de consommateurs UFC-Que choisir plaide pour « l’ouverture de la distribution de l’automédication aux grandes surfaces et parapharmacies ». Une prise de position qui provoque un tollé chez les représentants de la profession.
La volonté de l'UFC-Que choisir de remettre en cause le monopole pharmaceutique sur les produits d'automédication n'a pas été du goût de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). Dans un communiqué, le syndicat a tenu à écrire tout le mal qu'il pensait de l'idée avancée par l'association de consommateurs. « Depuis vingt ans, l’association UFC-Que choisir confond santé et consommation. Depuis vingt ans, elle entretient la même rengaine et reprend des propositions d’arrière-garde », commence par dénoncer le syndicat. Pour l'USPO, voir des médicaments en vente libre vendus dans les rayons des hypermarchés serait bien sûr une très mauvaise idée, qui n'aurait que des effets négatifs sur les patients contrairement à ce que semble penser l'association. « Les pratiques agressives de la grande distribution poussent à consommer plus et souvent de moins bonne qualité. La sécurité de la population n’est pas l’apanage de ces grandes enseignes, en témoigne l’absence quasi-totale de contrôle quant à la vente d’alcool aux plus jeunes », cite l'USPO à titre d'exemple.
Dans son argumentaire, l'UFC-Que choisir justifie sa position ainsi. « Sur les médicaments sans ordonnance, les pharmacies, protégées par un monopole devenu anachronique en Europe et une opacité sur les prix, pratiquent des tarifs trop élevés, avec des écarts de prix entre pharmacies de 1 à 3 pour un même produit. Demandée par l’UFC-Que choisir mais aussi par l’Autorité de la concurrence, une libéralisation encadrée de l’automédication générerait 250 millions d’euros de gain annuel de pouvoir d’achat pour les usagers, sans menacer les pharmacies rurales. » Pour le syndicat présidé par Pierre-Olivier Variot, l'UFC-Que choisir fait preuve d'ignorance concernant le rôle du pharmacien. « Par cette proposition, l'UFC-Que choisir méconnaît les actions menées par les pharmaciens d’officine pour sécuriser le bon usage du médicament, pour accompagner les patients au quotidien et pour permettre une accessibilité de leurs traitements chaque jour, chaque nuit, dimanche et jours fériés compris », déplore le syndicat qui recommande poliment à l'association de « se concentrer sur les sujets qu’elle connaît le mieux ».
Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset ne veut pas trop perdre de temps à commenter la publication de l'association de consommateurs, estimant qu'elle existe avant tout « pour faire vendre du papier ». Néanmoins, le président de la FSPF se dit « assez surpris du timing de cette prise de position, qui intervient en plein milieu de l'été. Cet article mélange un peu tout, regrette-t-il également. L'UFC-Que choisir veut donner l'automédication à la grande distribution puis parle des ruptures alors que les médicaments conseils ne sont pas concernés par les ruptures… Je suis un peu las de répéter toujours les mêmes choses sur ce sujet. Bien sûr que laisser la GMS vendre des médicaments est une mauvaise idée », souligne-t-il.
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