Voici la réponse que j'ai faite à « Télématin », suite au reportage sur l'augmentation des médicaments conseil à l'officine :
Je m’insurge contre le reportage sur l’augmentation de 4,5 % des médicaments conseil en officine, alors que l’inflation se situe autour de 1 %. Ce que vous oubliez simplement de dire est que cette augmentation vient des laboratoires pharmaceutiques, que nous répercutons évidemment, à moins de baisser encore une fois notre marge.
Je m’insurge sur les différences de prix relevées sur des dosettes de sérum physiologique, allant du simple à plus du triple d’une pharmacie à une autre. Ce que vous oubliez de dire est qu’il existe deux catégories de pharmacie en France. Les pharmacies discounts et les autres. Ces premières arrivent à afficher des prix bas car ils font énormément de volumes et bénéficient donc de remises très importantes. Ce que vous ne dites pas, c'est que ces pharmacies ne pratiquent des prix bas que sur certaines références. Sur un laboratoire d’une centaine de références, seuls quelques produits seront vendus à prix coûtant et tous les autres aux mêmes prix que la plupart des officines. Les différences de prix devraient donc être calculées sur la moyenne des produits et non pas sur 1 seul article. Ce qui donnerait des différences nettement plus infimes. Pour votre article télévisé, vous choisissez quelques pharmacies non représentatives par rapport à la majorité des officines, ce qui n’est donc pas du tout le reflet de la réalité. Mais évidemment, cela ne ferait pas du sensationnel…
Je m’insurge sur le fait que les médias télévisés tirent constamment à boulet rouge sur les pharmaciens. Ces derniers ont derrière eux 7 années d’étude et de grosses responsabilités. Un pharmacien aujourd’hui qui s’installe gagne en moyenne 2 500 euros net par mois pour 60 heures de travail. On n’est pas très loin du SMIC. La profession a su créer en France un maillage conséquent de 23 000 officines sur tout le territoire. Pas de désertification pour la profession. Le pharmacien s’installe partout en France, même dans les endroits désertifiés. Les pharmacies qui ferment à la campagne sont dues au seul fait du départ en retraite du médecin qui n’est pas remplacé.
La pharmacie est le seul endroit sanitaire ou toute personne peut bien souvent pousser la porte de l’officine à toute heure de la journée et se confier à son pharmacien pour lui indiquer ses problèmes. Le pharmacien est à son écoute et peut rester 1/2 heure à ses côtes à lui prodiguer des conseils hygiénodiététiques, lui proposer des alternatives de traitements : homéopathie, phytothérapie, huiles essentielles, oligo-éléments, nutrithérapie, orthopédie, le conseiller sur le vétérinaire, etc. Cela gratuitement. Il répond à toute sollicitation pour les premiers soins à effectuer. Cela gratuitement. Il se déplace à domicile pour le portage de médicaments. Cela gratuitement. Il prend la tension, cela gratuitement, il dépiste le diabète ou l’asthme, cela gratuitement. Il fournit les piluliers aux maisons de retraite, cela gratuitement. Il assure les gardes de nuit ou le dimanche, ainsi que les jours fériés. tout cela alors que les médecins réduisent comme peau de chagrin les temps de consultations et refusent même parfois les nouveaux patients, tandis que les hôpitaux affichent des temps d’attente pour les urgences de plus en plus long et sont bien souvent débordés et que les spécialistes proposent des rendez-vous de plus en plus tardifs.
Je m’insurge que les médias comparent sans discernement les grandes surfaces aux toutes petites comme si une petite épicerie pouvait concurrencer un Leclerc ou toute autre énormité de ce genre. Et pour quel résultat ? Je m’insurge sur ces mammouths de la distribution qui, à force de prix toujours plus bas, vendent des produits de consommations de moins en moins riches en vitamines, minéraux, oligo-éléments et de plus en plus contaminés par les pesticides, insecticides et autres poisons sournois. De plus en plus de sel, de gras saturé et de sucre synonymes de maladie métaboliques que le monde connaît aujourd’hui : diabète, cholestérol, affections cardiovasculaires, hypertension, hypothyroïdie, fibromyalgie, cancer, maladies auto-immunes… Le budget alimentaire a baissé proportionnellement à l’augmentation des pathologies qui ronge nos sociétés. À quand un reportage axé sur des pharmacies représentatives du système français et non plus sur des cas exceptionnels qui déforment les réalités ?
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