Le Quotidien du Pharmacien.- Nouvelles missions, économie de l'officine et formation des titulaires et de leurs équipes… Ces trois thématiques ont jalonné le congrès PHR à Biarritz, du 23 au 25 septembre. Pourquoi est-il primordial pour l'officine de relever ces défis dans les prochains mois ?
François Tesson.- L'enjeu essentiel est aujourd'hui d'envisager la période post-Covid en tirant profit de la crise sanitaire, notamment de l'énorme bond effectué par la notion de proximité entre le patient et son pharmacien. Notre réflexion se situe sur deux axes : intensifier la fidélisation du patient et renforcer encore davantage le positionnement éthique de notre groupement, à savoir l'accompagnement des patients que nous avions déjà anticipé avec la création du cabinet pharmaceutique et, il y a deux ans, avec le programme « Osez la santé ». Dans ce dernier, nous allons lancer 8 nouveaux programmes d'ici à six mois tandis que nous aiderons nos adhérents à gagner du temps dans le back-office pour mieux se former et former leurs équipes, notamment au sein de notre académie. Pour PHR, l'objectif est de conserver ce rôle avant-gardiste que nous avons toujours eu dans le passé.
De fait, la convention pharmaceutique inscrit désormais nombre d'entretiens pharmaceutiques tandis que les attentes des patients ont évolué depuis le début de la crise.
Effectivement, nous devons plus que jamais prendre en compte l'écosystème des patients, tout particulièrement leurs habitudes de consommation. C'est la raison pour laquelle PHR poursuit le développement du phygital en partenariat avec des start-up, facilite l'interface avec les patients en collaborant avec les éditeurs de logiciels et travaille à la conception de plateformes qui réuniront toutes les datas. Car la pharmacie PHR 3.0 est la mieux équipée pour répondre aux évolutions conventionnelles qui correspondent tout à fait aux pratiques que nous avions engagées depuis plusieurs années au sein de notre groupement. Nous continuons donc sur notre lancée.
Néanmoins, les échanges au cours du congrès de Biarritz en témoignent, la préoccupation majeure des titulaires est aujourd'hui le recrutement. Comment pouvez-vous leur apporter des solutions face à la pénurie de personnels qui est globale dans la profession ?
L'utilisation de nos programmes va rendre du temps disponible aux pharmaciens. L'Académie Référence va aider les préparateurs dans les nouvelles missions. Il s’agit de valoriser et d’optimiser les ressources des équipes alors que leur temps est encore trop souvent occupé au back-office.
L'équipe officinale va être formée, dans le contexte de la convention et dans le cadre de nos programmes « Osez la santé », à prendre en charge le patient à 360 °. C’est-à-dire que l'accompagnement sera le plus complet possible, par exemple dans la thématique du diabète où en complément du traitement médicamenteux, le patient recevra des conseils et un accompagnement dans la compression veineuse. Ou encore à l'intention des femmes enceintes, à qui des conseils nutrition, de complémentation, de dermocosmétique ou encore de contention veineuse ou d’hygiène pourront être dispensés. L’idée est de le proposer pour tous les programmes « Osez la Santé », un accompagnement à 360° du patient.
Vous évoquez des pistes pour optimiser le travail des équipes en place. Mais que faire lorsque les candidats manquent à l'appel ?
Nous y réfléchissons tous les jours et l'une de nos pistes est de constater que les salariés sont plus flexibles qu'il n'y paraît. Ainsi, nous avons des adjoints ou des préparateurs qui souhaitent travailler plus ou différemment. Il y en a certains qui ne travaillent qu'à 50 % ou 80 % dans leur officine. Ils pourraient ponctuellement être intéressés par un travail dans une autre officine. Pourquoi, dans ce cas, ne pas envisager de leur proposer des remplacements au sein d'autres officines du groupement ?
Ce prêt de personnels - dans des modalités respectueuses de la législation, bien entendu - s'opérera dans la proximité et s'appuiera sur la régionalisation que nous sommes en train de mettre en place dans notre structuration du groupement. À titre d'exemple, un titulaire qui a une intervention chirurgicale programmée pourra faire appel à cette « market place » ou plateforme régionale pour obtenir un vacataire qui assurera deux ou trois jours dans son officine. Ce dispositif peut tout aussi bien concerner les adjoints que les préparateurs ou encore des réceptionnaires de commandes. L'idée est d'ouvrir cette solution à un large éventail de fonctions officinales et de profils. Une nouvelle fois notre approche est d'apporter de la flexibilité et de sortir des sentiers battus, tout en restant dans les clous au niveau législatif, bien sûr.
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