Le Quotidien du pharmacien.- A l'analyse de ce bilan 2020, les pharmacies vous semblent-elles bien armées pour affronter la crise ?
Philippe Becker.- Cette crise a été de toute évidence un accélérateur des mutations en cours. Les pharmaciens ont globalement bien maîtrisé ce passage à une économie centrée sur les services, la prévention et même l'éducation sanitaire. Mais cette évolution ne date pas de l'épidémie. Depuis plusieurs années déjà, nous sommes en présence d'une génération de titulaires chefs d'entreprise. Dans la relation que nous avons avec eux, ils sont demandeurs d'informations détaillées parce que la gestion d'une officine est devenue très complexe. C'est aujourd'hui une PME. J'observe que de plus en plus de pharmaciens détiennent désormais une vision stratégique, à trois ou cinq ans. Et nous les aidons dans leurs choix d'avenir : le numérique, les services, la vente en ligne…
Vous notez une plus grande homogénéité dans le réseau officinal en ce qui concerne la rentabilité et la trésorerie des officines. Pensez-vous qu'il s'agisse d'une tendance de fond ?
Depuis une quinzaine d'années, les différents dispositifs de rémunération ont aplani les disparités. Un autre phénomène est à prendre en considération. Depuis dix ans, les pharmacies les plus faibles disparaissent et resserrent ainsi les statistiques autour d'un bloc de pharmacies plus performantes. C'est mécanique, mais aussi dramatique. Il y a fort à parier que, dans dix ou quinze ans, nous aurons une pharmacie encore plus homogène.
L'étonnante bonne santé de la trésorerie n'est-elle qu'en trompe-l’œil et ne risque-t-elle pas d'être mise à mal dès que les remboursements différés (emprunts, cotisations TNS…) devront être réalisés ?
Il y a à l'évidence un effet temporaire dû au décalage dans le versement des remboursements. Mais il y a également, comme dans la population générale, une épargne forcée, effet des confinements. Sans doute, cette épargne va-t-elle se libérer dans l'investissement. Cette bonne santé et cette solidité sont une bonne chose. Comme dans le monde de l'entreprise en général, nous connaissons peu de dépôts de bilan actuellement.
De quelle manière les pharmaciens devront-ils payer la maîtrise des dépenses de santé, ou, comme vous le dites dans l'éditorial de l'étude, payer l'addition ?
On peut imaginer que les pouvoirs publics vont chercher à réguler les dépenses. Du reste, ils vont commencer par l'arrêt de la prise en charge des TAG au 15 octobre. Difficile de dire si les leviers joueront sur les ROSP ou sur le prix du médicament. De manière générale, l'histoire nous a appris qu'après de bonnes années, les professionnels de santé étaient mis à contribution. Mais je pense que rien ne se passera dans l'immédiat. En tout cas, pas avant l'élection présidentielle.
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