Une semaine à peine après les émeutes qui ont sévi à travers l’Hexagone, les différentes instances de la profession qui se sont portées solidaires des pharmaciens ciblés par ces événements font un premier bilan.
À peine une semaine après les tragiques événements dans le contexte de la mort de Nahel, la profession a dépassé le stade de la sidération pour manifester sa solidarité envers la cinquantaine de confrères victimes des exactions des émeutiers. À Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire), la pharmacie de la Rabière a été détruite par les flammes tout comme celle de Montataire (Oise). La troisième, la pharmacie Mirabeau de Montargis (Loiret) a totalement disparu. Cette bâtisse historique datant du XVIIIe s’est effondrée après avoir été incendiée par les émeutiers.
Installé depuis six ans et demi, son titulaire, Bruno Chaton, a reçu le soutien de son groupement, Giropharm, et de ses confrères adhérents par le biais d’une cagnotte* qui a été immédiatement mise en place. Le groupement indique qu'une bâche sera positionnée devant les ruines de la pharmacie avec le QR code de la cagnotte. Giropharm a négocié avec les laboratoires et le grossiste la suspension des prélèvements pour cette officine. Il en sera de même pour la facturation de l'ensemble des services du groupement. Si ces témoignages de sympathie lui vont droit au cœur, le pharmacien accuse aujourd’hui le coup. Après l’effervescence des premiers jours, les tracas administratifs ont vite rattrapé le jeune titulaire, employeur de quatre salariés. « Mes collaborateurs pourront peut-être être employés chez des confrères de Montargis. Dans le cas contraire, ils seront au chômage technique et ne toucheront plus que 61 % de leur salaire brut », déplore-t-il. Avec l'assurance de son grossiste-répartiteur qu'un stock tampon lui sera mis à disposition, Bruno Chaton a pour objectif de redémarrer son activité le plus rapidement possible. Mais trouver un local adapté semble plus compliqué qu’il n’y paraît. « On ne vend pas des parapluies ! », lâche-t-il, cachant à peine sa lassitude, voire son épuisement. « Dans ma petite pharmacie – je faisais un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros - je travaillais de 8 heures à 20 heures, mais là je travaille encore plus. »
Unies face à ces événements d’une intensité et d’une ampleur inédites, les différentes instances de la profession sont venues en aide avec leurs compétences respectives. Ainsi, dès vendredi soir, les syndicats sont intervenus pour que les pharmaciens de garde puissent faire valoir leur droit de retrait dans les zones touchées par les émeutes. Plus tard dans la semaine, ils ont demandé à l’assurance-maladie d’accorder des avances aux pharmacies saccagées et pillées par les émeutiers, comme le rappelle Guillaume Racle, conseiller économie et offre de santé de l'Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), de son côté, accompagne, via ses syndicats départementaux, les pharmaciens dans leurs demandes d’aides. Que ce soit auprès de l’administration, de la commission entraide et solidarité de l’Ordre ou de la Caisse d’assurance vieillesse (CAVP). Celle-ci indique avoir déjà reçu quinze dossiers. « Ils vont être examinés par la commission des activités sociales de la CAVP », déclare Isabelle Roque, directrice de la communication et des relations publiques de la CAVP.
L’objectif premier des instances professionnelles est aujourd’hui « de contribuer à la reprise d’une activité normale de l’ensemble des services de proximité touchés dans l’intérêt des patients, afin de maintenir une offre de santé de proximité constante au service des Français », comme le déclare Philippe Besset, président de la FSPF. C'est dans cet objectif que l'Ordre accorde, via le volet solidarité de sa commission, un prêt sans intérêt jusqu'à 30 000 euros. Un dispositif souple et réactif utilisé lors des catastrophes naturelles et qui a permis aux titulaires d'attendre l'indemnisation de l'assurance.
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