L'URPS pharmaciens Auvergne-Rhône-Alpes alerte les pouvoirs publics sur les conséquences de la fermeture potentielle de ses pharmacies « fragiles », preuves à l’appui. Ces données donnent un aperçu de la situation nationale. Il est temps d'agir.
À l’heure où tous s’inquiètent du nombre croissant de fermetures d’officines et de le l’avenir du réseau dans les zones rurales, l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens Auvergne-Rhône-Alpes propose du concret. Elle a cartographié, dans une étude exploratoire présentée le 3 avril à l’Assemblée nationale, les pharmacies essentielles de son territoire, à savoir les pharmacies uniques dans une commune, situées à plus de dix minutes d'autres officines, avec un chiffre d'affaires « cœur de métier » inférieur à 1,3 million d'euros, gérées par un seul titulaire et dans des communes avec une faible présence de médecins généralistes. Elles sont 81 et, parmi elles, 53 sont considérées comme fragiles. Et si elles fermaient ?
« 70 000 individus supplémentaires se trouvent à plus de dix minutes d'une pharmacie, représentant un impact pour 4,5 % de la population totale », répond l'URPS pharmaciens ARA. Plus loin, ce sont plus de 37 000 personnes qui seraient éloignées de plus de 15 minutes d’une pharmacie, soit une hausse de 64 % de la population touchées. « Des pharmacies qui ferment, c’est autant de services qui ne sont plus assurés dans les territoires », prévient Olivier Rozaire, président de l’URPS pharmaciens ARA. « C’est une photo de 10 % de la France », souligne le député de l’Isère Yannick Neuder (LR), en guise d’alerte. « La région Auvergne-Rhône-Alpes est assez représentative du territoire national, complète le président de l’URPS pharmacien. En France, il y aurait 500 ou 600 officines qui potentiellement, dans les territoires ruraux, pourraient disparaître. Si on perd ces 500 pharmacies, sur le territoire national, il va y avoir un vrai problème dans les 4 ou 5 prochaines années ». D’où l’urgence.
« Avant de trouver des dispositifs qui permettraient de re-accéder à une offre de soins, l’important aujourd’hui est de pouvoir conserver ce fameux maillage des officines », poursuit Olivier Rozaire. L’URPS ARA associée à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a ainsi émis 11 recommandations, soutenues par le député Yannick Neuder : attractivité du métier, vente en ligne, actions de prévention, indemnités d’hébergement pour les étudiants en stage, rôle de vigie sociale et de guichets sanitaires rattachés à France Services pour les officines sont au programme. « Cesser les économies sur les produits de santé affectant le reste à charge patient et les officines », demandent-ils aussi. Mais surtout, trouver une issue aux négociations conventionnelles en cours, en particulier sur les revalorisations d’honoraires, et avancer sur la publication du décret « territoires fragiles », en chantier depuis plus d’un an.
Un petit coup de pression pour les autorités nationales.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires