Cette fois-ci serait-elle la bonne ? Car après les tentatives avortées à Tende (Alpes-Maritimes) pour maintenir l’accès au médicament dans la commune sinistrée par les inondations causées par la tempête Alex en 2020, le modèle des annexes a eu des difficultés à s’imposer dans le paysage pharmaceutique français. La Loi Valletoux du 27 décembre 2023 l’a remis sur rails. Il faut dire que l’accélération des fermetures d’officine – 248 en 2023, 167 entre janvier et août 2024- a rendu aujourd’hui cette mesure indispensable dans certains territoires. Car c’est de l’approvisionnement en médicaments des communes ayant perdu leur unique pharmacie dont il s’agit. Pendant trois ans, six régions, l’ Auvergne- Rhône-Alpes, la Bretagne, le Centre Val de Loire, la Provence-Alpes-Cote d’Azur, l’Occitanie et la Corse vont pouvoir expérimenter ce nouveau dispositif consistant à permettre à un titulaire d’exploiter une antenne dans une commune limitrophe dont l’officine a baissé le rideau. « Tous les projets devront être soumis dans les dix-huit mois qui suivent l’ouverture de l’annexe de Cozzano », précise Lucie Bourdy-Dubois, présidente de la commission Métier pharmacien au bureau de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
« Un cahier des charges suffisamment ouvert »
Les syndicats, ainsi que les autres instances de la profession, URPS et Conseil régionaux de l’Ordre des pharmaciens (CROP), seront associés dans chaque région aux projets d’implantation d’annexes. Si un cahier des charges a été établi par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), celui-ci « est suffisamment ouvert pour que la solution puisse être adaptée aux particularités locales », souligne Lucie Bourdy-Dubois. Seront instruits des dossiers soumis soit par les élus locaux et sur proposition des ARS, soit par des pharmaciens des communes environnantes. La FSPF, elle-même, reçoit ainsi des demandes d’adhérents souhaitant participer à l’expérimentation. « Cela fait quatre années au moins que des communes réclament des solutions parce que leur pharmacie a baissé le rideau », rappelle Lucie Bourdy-Dubois, soulignant que ces communes ne doivent pas nécessairement être implantées en territoires fragiles. Un dispositif qui n’est, du reste, toujours pas finalisé.
La profession, protectrice du maillage
La garantie d’un accès au médicament pour la population est l’objectif qui prévaut dans l’implantation de ces antennes de pharmacie dans des territoires sous denses. Mais celle-ci doit rester pertinente et ne surtout pas remettre en cause l’équilibre du maillage officinal. La FSPF déclare qu’elle restera très vigilante : il n’est pas question que les pharmacies annexes mettent en péril l’existence d’autres officines, ni qu’elles constituent le cheval de Troie de « chaines » de pharmacies. L’expérimentation, qui sera suivie d’une publication, a également pour finalité d’étudier les conséquences que ce nouveau mode d’exercice entrainera sur le réseau. D’ailleurs, prévient Lucie Bourdy-Dubois, si les pharmacies annexes venaient à entrer dans le droit commun à l’issue de cette expérimentation, des règles supplémentaires, propres à cette nouvelle forme d’exercice, seraient à mettre en place impérativement. « Ne serait-ce que le périmètre de la population desservie ou encore les règles d’installation qui ne pourront être identiques à celle d’une pharmacie d’officine », remarque la pharmacienne. S’appuyant sur l’exemple d’un projet à l’étude dans le Cher, elle relaye ainsi les multiples questionnements de ses confrères. Car assurer le fonctionnement d’une annexe au minimum dix heures par semaine ne s’improvise pas. Comment un pharmacien titulaire peut-il détenir deux points de vente ? Pourquoi ne peut-on pas exercer un roulement entre plusieurs pharmaciens de la région ? Que faire si le titulaire est le seul pharmacien à exercer dans son officine ? Comment détacher son adjoint ? Qu’en est-il des stocks ? Par qui le local doit-il être financé ? Autant d’interrogations auxquelles l’expérimentation sera chargée de répondre.
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