Groupements d’employeurs : pourquoi y recourir ?
Le groupement d’employeurs est un dispositif prévu par le Code du travail. Quasi inexistant en pharmacie en comparaison à d’autres secteurs d’activité, il présente pourtant des atouts en termes de gestion et de mobilisation des ressources humaines dont la pharmacie a tant besoin.
Un groupement d’employeurs, qu’est-ce que c’est ?
Le groupement d’employeurs (GE) est une structure créée par des entreprises et destinée à faciliter l’accès à la main-d’œuvre. Selon le Code du travail (articles L.1253-2 et 1253-3), les formes juridiques reconnues pour un GE sont l’association Loi 1901, la société coopérative ou la société interprofessionnelle de soin ambulatoire (Sisa). Pour les petites entreprises, cette solution permet de faire face à un surcroît d’activité provisoire, à un défaut de salariés ou à des difficultés de recrutement. Le GE est utilisé depuis plusieurs années dans le secteur agricole, de la culture ou du tourisme/restauration. Il existe des GE limités à un secteur d’activité et des GE multisectoriels.
Comme fonctionne le GE ?
Les travailleurs sont employés par le GE, avec lequel ils signent un contrat de travail. Cette main-d’œuvre est mise à la disposition des entreprises adhérentes au GE, pour répondre aux fluctuations de leur activité. Selon cette organisation, l’entreprise peut ajuster et optimiser ses effectifs en fonction de ses besoins réels.
Qui peut bénéficier des services du GE ?
Seules les entreprises adhérentes peuvent faire appel à des salariés du GE sur la base d’un contrat de mise à disposition. Cette organisation simplifie le recrutement tout en proposant un service de gestion des ressources humaines mutualisé. Le recours à un GE permet également d’affranchir l’entreprise des démarches administratives. En contrepartie, les entreprises adhérentes prennent part à la gouvernance du GE et sont représentées au conseil d’administration.
Quels avantages pour l’entreprise et quel coût ?
Le GE offre une flexibilité pour adapter la main-d’œuvre à l’activité des entreprises adhérentes. Autre avantage pour les entreprises, le GE permet une mutualisation des coûts liés à l’emploi et est doté d’un service de ressources humaines en charge du recrutement, de la gestion administrative des travailleurs et de leur formation. Outre les frais d’adhésion au GE, le coût pour les entreprises tient compte du niveau de compétences professionnelles et du temps de mise à disposition d’un travailleur.
Quels avantages pour le salarié ?
Le travailleur met à disposition ses compétences professionnelles au sein de plusieurs entreprises d’un même secteur d’activité, mais le GE reste son unique employeur. Cette expérience diversifiée contribue à l’enrichissement du parcours professionnel. Conformément à la réglementation, le contrat de travail établi entre le GE et un travailleur garantit la parité avec les salariés de l’entreprise auprès de laquelle ce travailleur est mis à disposition. Il bénéficie des mêmes avantages en termes de salaire, de formation professionnelle, ou de suivi médical. La Convention collective du secteur d’activité (la Convention de la pharmacie d’officine par exemple) s’applique aux salariés du GE.
Le groupements d’employeurs naît d’une volonté commune de plusieurs entreprises confrontées aux mêmes problèmes de recrutement, et acceptant de partager des salariés.
Quelle différence avec l’intérim ?
Contrairement aux sociétés d’intérim, « le GE a vocation à proposer des emplois stables » précise le ministère du Travail. Le périmètre d’intervention des travailleurs salariés du GE est limité aux entreprises adhérentes au GE. Le GE n’est pas un organisme à but lucratif. Les bénéfices qu’il génère permettent de développer l’activité au bénéfice de ses adhérents, notamment pour la gestion des ressources humaines.
Un modèle qui oblige les entreprises à s’adapter
Sur le même principe que le remplacement ou l’intérim, l’entreprise qui accueille un travailleur mis à disposition d’un GE doit y être préparée. Pour que le travailleur soit opérationnel rapidement, l’entreprise doit faciliter son intégration, sur le plan technique comme sur le plan humain.
Existe-t-il des GE pour les pharmaciens ?
Dans le secteur officinal, les tentatives de GE pour mettre à disposition des pharmaciens ou des préparateurs sont confidentielles, alors que ce dispositif pourrait apporter une réponse aux pénuries de personnel. Le fait de devoir partager un employé entre plusieurs pharmacies d’un même secteur géographique est identifié comme un des principaux freins. Le GE offre également l’opportunité d’intégrer de nouvelles compétences à l’officine. Depuis 2009 par exemple, le GE Team Pharma propose la mise à disposition de diététiciens auprès de plus de 200 pharmacies adhérentes, pour mener des entretiens nutrition et animer des ateliers thématiques.
Comment créer un GE ?
Le GE naît d’une volonté commune de plusieurs entreprises confrontées aux mêmes problèmes de recrutement, et acceptant de partager des salariés. Elles rédigent un contrat d’employeurs qui précise les modalités de fonctionnement du groupement (partage des salariés, répartition des coûts…). Avant de s’engager dans cette démarche, il est conseillé de se rapprocher du syndicat national des groupements d’employeurs (SNGE), des syndicats professionnels et de la direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités.
Repères
Secteur officinal : une main-d’œuvre sous tension
Dans une enquête réalisée en 2023 par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), plus de 8 officines sur 10 déclaraient connaître des difficultés de recrutement en préparateurs et adjoints. Tous les territoires sont concernés, la région sud ouest en tête.
Le rapport de France Travail intitulé « Les besoins en main-d’œuvre des entreprises en 2024 » confirme cette tension en main-d’œuvre. Pour la deuxième année consécutive, le métier de pharmacien reste dans le « top 10 des métiers où le taux anticipé de difficulté de recrutement est le plus élevé ». Le secteur de la pharmacie se place à la 5e place des secteurs où des difficultés de recrutement sont attendues, devant les médecins (7e place). Parmi les principales causes identifiées, France Travail rapporte un nombre insuffisant de candidats ou des freins relatifs aux conditions de travail.
85 % des pharmaciens ne connaissent pas les avantages du groupement d’employeurs
(Selon une enquête CallMediCall/« Le Quotidien du pharmacien » réalisée du 5 juin au 28 août 2024)
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