Alerte de l’Institut Pasteur. Cinq mois après deux doses du vaccin Pfizer ou du vaccin AstraZeneca, les anticorps présents dans le sang ne sont plus capables de neutraliser le variant Omicron, tandis que six anticorps monoclonaux sur neuf perdent totalement leur efficacité.
Il ne s’agit que d’une étude en preprint (prépublication) et des données en vie réelle seront encore nécessaires pour consolider ces données. Mais elles sont assez inquiétantes pour qu’on s’y attarde. À l’heure où le variant Omicron déferle sur l’Europe et que sa prédominance n’est plus qu’une question de semaines, des chercheurs de l’Institut Pasteur et du Vaccine Research Institute, en collaboration avec la KU Leuven (Louvain, Belgique), le CHR d’Orléans, l’Hôpital Européen Georges Pompidou (AP-HP), l’INSERM et le CNRS, ont évalué la sensibilité du variant Omicron aux anticorps monoclonaux et aux vaccins.
Neuf anticorps monoclonaux thérapeutiques ainsi que les anticorps présents dans le sang des personnes vaccinées ou ayant déjà contracté le SARS-CoV-2 ont été soumis au variant Omicron, provenant d'un échantillon nasal d’une femme de 32 ans ayant développé un Covid après un séjour en Égypte. Cette souche infectieuse isolée a servi de base à ces analyses comparatives avec le variant Delta. Les résultats interpellent quant aux futures stratégies thérapeutiques. Les résultats sont sans appel pour les six anticorps, bamlanivimab/etesevimab (Laboratoire Lilly), casirivimab/imdevimab (Ronapreve, Laboratoire Roche), regdanvimab (Laboratoire Celltrion) qui « perdent totalement leur effet antiviral contre Omicron ». Quant aux trois autres, ils sont 3 à 80 fois moins efficaces contre Omicron par rapport à Delta. C’est notamment le cas d’Evusheld (tixagevimab/cilgavimab) développé par AstraZeneca, 80 fois moins efficace. « Nous montrons que ce variant, très transmissible, a acquis une résistance marquée aux anticorps. Les anticorps monoclonaux thérapeutiques anti-SARS-CoV-2 disponibles actuellement sont pour la plupart inactifs », conclut Olivier Schwartz, l'un des principaux auteurs de l’étude et directeur de l’unité Virus et immunité à l’Institut Pasteur.
Une lueur d’espoir cependant. Car si les anticorps présents dans le sang recueilli jusqu'à 12 mois après les symptômes ou cinq mois après deux doses du vaccin Pfizer ou du vaccin AstraZeneca ne sont plus capables de lutter contre Omicron, il semble en revanche qu’une troisième dose de rappel avec le vaccin Pfizer augmente fortement les taux d’anticorps, à un niveau suffisant pour neutraliser le nouveau variant. C’est ce que laissent apparaître les sérums d'individus ayant reçu une 3e dose de rappel Pfizer, analysés un mois après injection. « Il faut cependant 5 à 31 fois plus d’anticorps pour neutraliser Omicron, en comparaison avec Delta, dans les tests de culture cellulaire », note l’étude. Et précise Olivier Schwartz,« il est nécessaire maintenant d’étudier la durée de protection de la 3e dose de rappel. Les vaccins perdent donc probablement une forte efficacité contre l’acquisition du virus, mais devraient continuer à protéger contre les formes graves.»
Selon les chercheurs, cet échappement à la réponse du système immunitaire s’explique par la présence de nombreuses mutations dans la protéine Spike du variant Omicron. Les études sont actuellement menées afin de déterminer les raisons qui rendent ce variant plus transmissible d’un individu à l’autre et d’analyser l’efficacité de la 3e dose sur le long terme.
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