Le Quotidien du pharmacien. — Que vous inspire la mise en ligne de Data Pathologies par la CNAM ?
Flore Coudy.- En publiant ses données au grand jour, avec de plus une visualisation claire, simple, sous forme de cartographie, la CNAM franchit un nouveau pas. C'est un travail précieux car cette mise à disposition répond à l'éveil des consciences sur l’intérêt collectif de l'utilisation des données de santé dont on sait qu'elles sont parmi les plus sensibles.
Comme vous, la CNAM utilise la molécule comme point de départ pour tracer la pathologie. En quoi cette base de données est-elle complémentaire de votre expertise en matière de données de santé ?
La CNAM a accès aux données issues des cartes Vitale, donc liées au remboursement des spécialités médicales. Chez IQVIA nous pouvons déduire la pathologie des patients via le contenu de l’ordonnance (donc les molécules ou DCI prescrites), la spécialité du médecin et le profil (age et genre) du patient. Car certaines molécules à multiples indications ne permettent pas de renseigner sur la pathologie. Je pense ainsi à l'adalimumab qui peut être indiqué tant dans le rhumatisme psoriasique que dans la polyarthrite rhumatoïde.
Les chiffres de la CNAM, qui sont des données publiques, pourraient permettre à nos experts de croiser les jeux de données et à consolider et enrichir nos chiffres au niveau national. En effet, notre panel repose sur 14 000 pharmacies, soit 66 % du réseau officinal, il ne couvre pas la totalité du territoire, alors que la CNAM bénéficie des remontées de toutes les cartes Vitale.
Quelles utilisations les pharmaciens peuvent-ils faire de telles données ?
Ces données mettent en lumière des disparités territoriales, tant en termes de prévalence de certaines pathologies que de prises en charge. C'est un outil de formation continue car le professionnel de santé qu'est le pharmacien va pouvoir s'en saisir pour identifier des signaux faibles sur son territoire. Voire prendre conscience de certaines pathologies surreprésentées dans sa région et auxquelles il pourra ajuster ses opérations de dépistage et son assortiment. À son niveau, il n'aura pas eu obligatoirement connaissance de cette prévalence.
En effet, à chaque fois qu'on intervient sur le big data on met en lumière des informations qu'on ne peut déceler sur un petit jeu de données. De même, à l'avenir, cette base de données donnera des indications précieuses sur l'évolution de certaines pathologies corrélées aux nouvelles pratiques officinales, comme la vaccination. Nous pourrions ainsi mesurer combien la contribution de ces nouvelles missions améliore la santé des patients !
* Comme la CNAM, IQVIA utilise pour la mise à disposition de ses données le portail Opendatasoft, une entreprise française leader mondial sur le marché de l’opendata.
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