Le Quotidien du pharmacien. - Comment interprétez-vous le phénomène des sites de notation de médicaments ? Relève-t-il d’une dérive consumériste ?
Martial Fraysse. - Je ne le crois pas. Il manifeste un besoin des patients de s’exprimer sur les effets indésirables de leur traitement. Or les médecins, et parfois même certains pharmaciens, n’ont pas le temps de recueillir ces plaintes. Pourtant, il faut savoir que derrière ces sites, il y a des personnes qui ont d’autres choses à vendre, des conseils, des consultations chez des naturopathes ou d’autres services.
Quelle réponse apporter aux patients qui se plaignent au comptoir d’effets indésirables ?
Il est certain que les entretiens pharmaceutiques ne peuvent répondre à tous les patients, notamment les plus jeunes. Nous opérons déjà un tri entre les effets secondaires. S'ils nous sont connus, nous les reportons immédiatement au médecin, l’intérêt d’appartenir à une maison de santé pluridisciplinaire (MSP) ou à une CPTS est ici tangent. Il y a lieu ensuite, en fonction de l’autonomie du patient, notamment en fonction de ses capacités à manier des applications sur smartphone ou des sites Web et du degré d’urgence, de l’inviter à faire un signalement.
Si la situation réclame un arbitrage rapide, il faut se tourner immédiatement vers un centre de pharmacovigilance et parallèlement avertir le laboratoire. Ce dernier doit être également informé en cas de problème technique, en termes de remplissage par exemple. En tout état de cause, il ne faut pas qu’il y ait de rupture dans la continuité de l’information.
Quelle procédure de signalement conseillez-vous ?
Le process de pharmacovigilance s’appuyant sur les centres régionaux et les sites institutionnels fonctionne très bien. Un signalement sur l’appli VigiBIP, développée par le CRPV de Toulouse, remonte automatiquement en ce qui me concerne au centre de pharmacovigilance de l’hôpital Henri Mondor à Paris. Par ailleurs, depuis l’affaire Mediator, les laboratoires fournissent la transparence qu’on exige d’eux et ce sont eux qui connaissent le mieux leur produit.
Enfin, il existe à l’échelle européenne des sites institutionnels très performants comme celui de l’hôpital de la Charité de Berlin, (http://bioinformatics.charite.de/supercyp/), spécialisé dans les interactions avec les cytochromes. Mais aussi d’autres, non institutionnels mais financés par la Commission européenne, comme eVeDrug (https://www.evedrug.eu/) accessible en sept langues et qui centralise tous les effets secondaires remontés par les patients, y compris sur les cosmétiques.
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