L’audition d’Aurélien Rousseau ce matin en commission des affaires sociales du Sénat sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2024 avait été programmée bien avant le déclenchement, hier à 18 h 30, de l’article 49.3 de la Convention par la Première ministre. Le ministre de la Santé n’en a pas moins défendu un budget qui doit prendre le difficile chemin de la soutenabilité du système. Et ses « deux grands objectifs » que sont la prévention et l’accès aux soins. L'occasion de citer les pharmaciens à plusieurs reprises.
Regrettant que le PLFSS 2024 n’ait pas été voté en commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, déclenchant de fait l’utilisation du 49.3 mercredi en fin d’après-midi, le ministre de la Santé a néanmoins insisté sur la qualité des débats en commission qui ont permis d’apporter des améliorations au texte initial. Reste à savoir ce que le gouvernement en retiendra puisqu’il est libre d’intégrer les amendements de son choix. Outre le budget en soi que le ministre n’a pas éludé, Aurélien Rousseau a insisté sur les « deux grands objectifs de ce texte » que constituent « le virage de la prévention », formalisé notamment par la campagne de vaccination contre le HPV, la gratuité des préservatifs ou la prise en charge de protections menstruelles, et « la modernisation du fonctionnement du système de santé pour améliorer l’accès aux soins ».
En détaillant ce deuxième axe, le ministre n’a pas manqué de mettre en avant « le partage de compétences des professionnels de santé qui se poursuit », en particulier par la possibilité pour les pharmaciens de « prescrire des antibiotiques après un TROD angine ou cystite positif ». Une manière, pour Aurélien Rousseau, d’alléger la charge qui pèse sur les médecins généralistes puisque les angines entraînent actuellement « 6 millions de consultations par an », et les cystites 3 millions. « Cela se fait dans le cadre de protocoles validés par la Haute Autorité de santé (HAS) et idéalement dans une vraie coopération. Si le pharmacien a un doute sur la nature de la cystite et qu’il soupçonne une pyélonéphrite, il est capable de trouver le rendez-vous chez le médecin pour que la patiente puisse aller le voir le plus vite possible. »
Le ministre de la Santé a également évoqué le besoin de « compléter les outils de gestion des situations de pénurie que nous connaissons périodiquement », sans détailler les mesures prévoyant la dispensation à l’unité (DAU) d’antibiotiques, la possibilité de réaliser des « préparations officinales spéciales » ou encore l’interdiction de prescrire certains antibiotiques en téléconsultation. De son côté, le ministre aux Comptes publics, Thomas Cazenave, a indiqué mercredi devant l'Assemblée nationale qu'il souhaitait que « des travaux soient engagés pour généraliser ces mesures en dehors des périodes de rupture d’approvisionnement ».
Également interrogé sur la pénurie de médecins et d’infirmiers, Aurélien Rousseau a évoqué des effectifs rassurants en cours de formation mais a mis une fois encore l’accent sur les pharmaciens. « Ce qui me préoccupe le plus c’est la baisse des étudiants en pharmacie parce que c’est un gros sujet sur notre offre de soins (…) Il faut qu’on fasse attention à ne pas oublier les autres professions dans lesquelles il faut que l’on maintienne l’attractivité. »
Quant au doublement des franchises médicales, la rumeur qui annonçait la mesure comme enterrée en début de semaine a été balayée par le ministre de la Santé. « Cette mesure a été instruite, elle peut être mise en œuvre de manière réglementaire. Avant cela, elle a tout un chemin de consultations à suivre pendant 4 mois avec de nombreux organismes. Nous considérons qu’elle ne peut se faire sans être allé au bout des débats et des examens du projet de loi de finances (PLF) dans une période où la pression sur le pouvoir d’achat est forte. La décision sera prise à l’issue des débats parlementaires. »
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