La crise sanitaire qui perdure est une guerre d’usure pour l’économie officinale. « Les ventes ont chuté de 10 % en volume sur les mois de janvier et février », relève Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), ce qui se traduit par une baisse de 1,2 % du chiffre d’affaires par rapport aux deux mois de référence de 2020. Et le mois de mars s’annonce encore plus catastrophique en raison du caractère exceptionnel de mars 2020, annonce-t-il, indiquant cependant que la marge a pu évoluer d’environ 1 %.
Cette baisse de flux dans les officines doit être compensée par la réalisation de tests antigéniques et l’administration des vaccins Covid, insiste le président de l’USPO. Cependant la stratégie à long terme du syndicat dépasse ces simples palliatifs : l’officine doit être la plus indépendante possible des prix et des volumes. Pour l’USPO, cela passe par une revalorisation de la rémunération, tout particulièrement pour la dispensation des médicaments chers, mais aussi par la création de nouvelles interventions pharmaceutiques. « Nous devons également chercher de la croissance sur le cœur de métier, valoriser la préparation des doses à administrer et la dispensation à domicile, deux sujets sur lesquels nous avons perdu un an, revaloriser les gardes et les astreintes qui ne l’ont pas été depuis cinq ans… », expose Gilles Bonnefond.
De nouveaux coups à la rémunération
Il y a urgence car plusieurs menaces pèsent sur l’économie officinale. Le président de l’USPO dénonce ainsi la mise sous TFR des sartans. Cette mesure « scandaleuse » a tendance à se systématiser, et ce de manière injustifiée, selon l’USPO qui a signifié au Comité économique des produits de santé (CEPS) que le taux de substitution n’avait pu être tenu pour la période étudiée pour la simple raison que les pharmacies ont été « victimes à cette époque de ruptures de stocks, dont l’ANSM elle-même s’était alarmée ». Une dérive d’autant plus dangereuse, déplore-t-il, qu’elle remet en question à la fois le principe de substitution et la ROSP génériques, et avec elle un pan de l’économie officinale. Confronté aux fins de non-recevoir du CEPS, le syndicat est décidé, au besoin, « à engager un rapport de force ».
Un deuxième front s’est ouvert sur lequel le syndicat est également prêt à se battre. Il y a urgence à dissuader l’assurance-maladie de revoir à la baisse le tarif des tests antigéniques de 33 euros à 26 euros. « Ce travail en officine n’est en rien comparable avec celui des laboratoires de biologie. C’est un travail artisanal. Nous devons à chaque fois utiliser un nouvel EPI, effectuer le prélèvement et prendre le temps de rendre le résultat au patient qu’il soit positif ou négatif. Cela n’a rien à voir avec un SMS envoyé à 10 heures du soir », lance Gilles Bonnefond, ulcéré. Ce dernier exemple montre combien le travail syndical requiert une vigilance de tous les instants, y compris sur les avancées qui semblaient acquises. Raison de plus pour prôner une union de la profession. Fort de cette conviction, le président de l’USPO s’engage à une politique de la main tendue envers tous les acteurs de la profession, si le 7 avril son syndicat sort majoritaire des élections aux URPS.
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