Contrairement à la campagne présidentielle de 2017, la santé est aujourd'hui propulsée sur les devants de la scène politique. Crise sanitaire oblige, l'accès aux soins et aux produits de santé s'inscrit en première ligne aux programmes des candidats à l'élection présidentielle. Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP), a conscience de ce changement de paradigme.
« Il est intéressant de relire le programme de la réforme « Ma santé 2022 » concrétisé par la loi de 2019. On voit bien que la coordination des soins, avec notamment les CPTS, était au cœur des préoccupations de l'époque », constate la présidente du CNOP. « Aujourd'hui, poursuit-elle, à ces chantiers, toujours d'actualité puisqu'ils n'ont pu être mis en œuvre, se greffent d'autres problématiques d'accès aux soins liés à la pandémie. »
Le CNOP a listé pas moins de 12 thématiques à l'intention des prétendants à l'Élysée. Ce programme santé ordinal, qui leur sera communiqué tout prochainement, sera également remis aux candidats aux élections législatives. Sous le titre « 12 propositions pour répondre aux besoins en santé de demain », le CNOP décline sous quatre axes ses vœux pour une amélioration de la prise en charge du patient et l’accès aux soins dans les territoires, pour le développement de la prévention, l'accès à des produits de santé sûrs et de qualité, mais aussi pour une transition écologique par une juste prescription, utilisation et consommation des produits de santé. Nombre de ces propositions rejoignent les points de la négociation en cours entre les syndicats de pharmaciens et l'assurance-maladie pour une nouvelle convention pharmaceutique.
Le numérique, sujet transverse
Dans ce programme du CNOP, Carine Wolf-Thal souligne avoir deux priorités. La prévention figure en pôle position, tout particulièrement la vaccination, la présidente de l'Ordre se félicitant au passage de l'avis du 28 janvier de la Haute Autorité de santé (HAS) portant sur l'extension des compétences vaccinales du pharmacien. L'accès aux soins est également l'une de préoccupation majeure de l'instance ordinale, tout comme l'accès à des produits de santé sûrs et de qualité. À ce propos, le nouveau code de déontologie, toujours attendu par la profession, doit poser - entre autres - les jalons de cette sécurisation du circuit du médicament. Carine Wolf-Thal, se référant à ses récents échanges avec Olivier Véran, ministre de la Santé, assure cependant qu'il devrait encore voir le jour sous ce mandat présidentiel. La case serait donc cochée pour le prochain gouvernement.
N'en reste pas moins d'autres chantiers concernant l'exercice officinal. La poursuite du Ségur du numérique en est un. Car la dématérialisation des échanges en santé est un sujet transverse à tous les axes évoqués par le programme santé du CNOP. « Que ce soit l'e-CPS, l'e-carte Vitale, l'e-prescription, le numérique est un sujet primordial qui permet un meilleur accès à des données de santé sanctuarisées et des échanges sécurisés entre professionnels de santé », décrit Carine Wolf-Thal.
Dossier prioritaire pour le CNOP : l'intégration du DP, via l'application « mon dossier pharmaceutique », à « mon espace santé » lancé officiellement le 3 février. « Le DP doit absolument alimenter le DMP en informations sur les médicaments », insiste Carine Wolf-Thal, qui table sur un raccordement du dossier pharmaceutique (DP) au dossier médical partagé (DMP).
Un sujet qui lui tient à cœur et sur lequel elle ne manquera pas d'interpeller les candidats. Toutefois, précise-t-elle, les thématiques qu'elle abordera lors de ses échanges avec eux, se limiteront à un périmètre ordinal. Pas question d'évoquer les questions de rémunération ou d'économie officinale, explique la présidente du CNOP. « Ce sont des sujets que je laisse aux syndicats de la profession. »
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