Le projet n’est pas nouveau au sein de NèreS (ex-AFIPA). Mais l’association est persévérante et a bien l’intention de prouver que ses propositions ont toutes les raisons d’être. Son idée ? Faire de l’officine la porte d’entrée pour la prévention et les maux du quotidien des Français.
Selon le 2e bulletin de santé des Français*, une étude menée par Toluna Harris Interactive pour NèreS et présentée le 3 juillet, 88 % des Français ont souffert de maux du quotidien au cours des 12 derniers mois (fatigue, maux de tête, troubles du sommeil, douleurs articulaires ou musculaires, etc.) et comptabilisent en moyenne cinq épisodes dans l’année. Or, ces maux du quotidien ont fait l'objet d'au moins un passage aux urgences dans l'année pour 22 % des répondants et pour 36 % d'une consultation (sur les trois dernières) chez le généraliste. En parallèle, 12 % des répondants indiquent ne pas avoir de médecin traitant (ou ne pas savoir) et 24 % jugent difficile de consulter un généraliste. De plus, 45 % des Français ont déjà renoncé à des soins en raison de la complexité du système de santé. Ils sont aussi 14 % à avoir renoncé à consulter un généraliste pour des raisons financières, une part qui s’élève à 23 % lorsqu’il s’agit de consulter un spécialiste et à 37 % quand la consultation du praticien de santé n’est pas remboursée. Ce renoncement économique atteint 29 % en ce qui concerne l’achat de médicaments sans ordonnance.
Dans un contexte marqué par des enjeux de désertification médicale et de difficultés économiques liées à l’inflation, 89 % jugent que l’obligation d’installation des médecins dans les déserts médicaux serait une solution efficace et la plupart d’entre eux n’ont pas entendu parler des réformes pour fluidifier les parcours telles que les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS – 73 %), les services d’accès aux soins (SAS – 65 %) ou les nouveaux services proposés par les pharmaciens (49 %). Ces derniers sont pourtant plébiscités : 96 % jugent qu’il est facile de se rendre chez le pharmacien, en qui ils placent une confiance élevée, que ce soit pour traiter (92 %) et prévenir (91 %) les maux du quotidien ou pour orienter vers un autre professionnel (91 %).
Fort de ces réponses, NèreS souhaite qu’un dispositif permette d’instaurer le pharmacien comme le point d’entrée dans le système de santé pour les maux du quotidien ; renforcer ses missions de conseil, de diagnostic et de soins en lien avec le médecin ; et élargir les outils à sa disposition tels que les TROD et les médicaments à prescription médicale facultative (PMF). Interrogé par « Le Quotidien » sur la proposition de l’assurance-maladie de permettre au pharmacien de prescrire un antibiotique après un TROD angine ou cystite positif, Luc Besançon, délégué général de NèreS, se veut pragmatique. « Tout élément qui renforce le rôle du pharmacien en lui donnant de nouveaux outils est positif. S’agissant en l’occurrence d’antibiotiques, le dispositif de l’assurance-maladie peut faire sens. Néanmoins, le délistage nous paraît plus simple à gérer : cela dépend d’une simple décision administrative de l’agence du médicament qui ne nécessite pas un vote au Parlement. »
NèreS propose également de développer un parcours de prévention dont le pharmacien serait le référent. Pour objectiver les besoins des Français et les solutions à proposer, l’association imagine la création du Conseil national du premier recours en santé, capable de recueillir et de traiter les données sur les maux du quotidien qui sont actuellement « noyées dans les chiffres relatifs à toutes les pathologies » et dont sont exclus « les parcours de soins non remboursés ». Pour Luc Besançon, cette « instance de concertation » qui réunirait les autorités de santé, les représentants des professionnels de santé, des patients et des industries de santé, est la clé pour « un pilotage efficace ».
* Étude en ligne menée du 24 au 31 mai 2023 auprès de 2018 Français de 18 et plus.
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