Si l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) s’est toujours montrée favorable à l’implication des confrères dans l’exercice coordonné, elle s’oppose néanmoins à ce que le déploiement de certaines missions y soit conditionné. Quid des déserts de soignants où la croix verte est le dernier espace de santé à des kilomètres à la ronde et où, en toute logique, le pharmacien ne peut se coordonner avec personne ? Néanmoins, hormis ces situations compliquées par essence, « nous avons toujours incité les pharmaciens à créer ou rejoindre une structure d’exercice coordonné », rappelle le président de l’USPO, Pierre-Olivier Variot.
Dans les faits, quelques pharmaciens sont à l’origine de la création d’une maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) ou d’une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), mais ils sont encore trop peu nombreux à oser se lancer. Pour les y aider, la société STANE propose ses services. Depuis la création de sa toute première MSP en 2019, elle compte une centaine de projets à son actif. Sa particularité : sa fondation par deux ostéopathes qui ont vécu la naissance d’une MSP et ont voulu faire bénéficier de cette première expérience les professionnels qui souhaitent se lancer. STANE est une société à mission qui intervient gratuitement à la demande des professionnels de santé et touche pour cela des subventions des agences régionales de santé (ARS) et de l’assurance-maladie.
Fluidité et convivialité
Louis Bosson, jeune titulaire à Montélimar (Drôme), s’est retrouvé dans l’aventure à la sortie de la faculté alors qu’il faisait ses premières armes dans l’officine de Gilles Bonnefond, ancien président de l’USPO et à l’initiative du projet de la CPTS des Portes de Provence. Avec l’aide de la CPAM, tous les professionnels du territoire ont été informés de la tenue d’une réunion sur le projet. Une première rencontre fructueuse, en présence notamment d’un représentant de la CPAM, du directeur de l’hôpital local, du président d’une CPTS et de nombreux professionnels. « Cela nous a permis de récupérer les contacts de professionnels de santé sur un assez large territoire et de repérer les 4-5 personnes qui allaient être les moteurs de la création », explique Louis Bosson. Mais après plusieurs réunions, le Covid-19 a déferlé avant même la constitution de la CPTS. Qu’à cela ne tienne, les rencontres et contacts pris ont démontré toute leur utilité. « Nous avons pu mettre en place un centre de dépistage à Montélimar très rapidement grâce à l’implication d’infirmiers et de pharmaciens, et plus tard un centre de vaccination en seulement 24 heures, faisant intervenir libéraux et hospitaliers. »
Aujourd’hui l’association L.1901 est créée, la lettre d’intention a été validée par l’ARS et a déclenché un financement de 15 000 euros qui a permis l’embauche d’une coordinatrice chargée de rédiger le projet de santé de la CPTS. « Ce projet de santé est stimulant car il s’appuie sur notre quotidien et liste des propositions qui viennent des professionnels de santé de terrain. Il comprend en effet un diagnostic étayé du territoire avec les problématiques recensées et les solutions envisagées. Viennent ensuite les discussions avec l’ARS et la CPAM pour déterminer les indicateurs de suivi », ajoute Louis Bosson. L’ensemble doit répondre aux cinq missions socles, notamment pour l’accès au médecin traitant, le parcours ville-hôpital ou la prévention. « Je veux insister sur les moments d’échanges qu’une CPTS permet de créer. Je connaissais une quinzaine de professionnels de santé autour de la pharmacie, maintenant j’en connais entre 300 et 400. Ces contacts apportent de la fluidité dans notre pratique quotidienne car on peut se joindre facilement, et aussi de la convivialité. En résumé, la CPTS améliore non seulement la prise en charge des patients mais aussi la qualité et le bonheur au travail en simplifiant la vie de tous les jours. »
D'après une conférence du e-congrès de la pharmacie organisé par l'USPO.
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