La suspension de la vaccination avec AstraZeneca a suscité l’incompréhension de nombreux pharmaciens qui venaient tout juste de l’administrer à leurs patients ou qui s’apprêtaient à le faire. Tous sont désormais suspendus à la décision de l’Agence européenne du médicament (EMA).
Dans son officine de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), Martial Fraysse venait tout juste d’injecter la dixième dose de son flacon lorsqu’Emmanuel Macron a annoncé l’interruption de la vaccination avec AstraZeneca. « Sur 17 millions de personnes vaccinées avec AstraZeneca en Europe, on recense 30 cas de thromboses. Parce que l’Allemagne dit "on arrête et on regarde", il fallait faire pareil ? », questionne-t-il. « Au cours des trois derniers jours, il ne s’est rien passé qui justifie une telle mesure. Cela prouve en tout cas que les décisions politiques ne sont pas toujours prises en fonction des données de pharmacovigilance », regrette Martial Fraysse. Pour l’instant, il ne ressent pas d’anxiété particulière chez ses patients, même s’il reçoit des appels de personnes qui viennent d’être vaccinées avec AstraZeneca. « Certaines se demandent si elles doivent prendre de l’aspirine ou d’autres médicaments. C’est notre rôle de pharmacien de les rassurer, de leur dire ne pas s’affoler. Il ne faudrait pas que des patients commencent à s’automédiquer, alors que cela peut être dangereux s’ils ont certaines pathologies. »
Pour Renaud Nadjahi, président (USPO) de l’URPS Pharmaciens d’Île-de-France, la vaccination aurait dû commencer demain dans son officine de Rambouillet (Yvelines). « Nous avons dû reporter ces rendez-vous. Lorsque j’ai appris annonce de la suspension, j’ai ressenti de l’incompréhension. J’ai surtout pensé au stress que cela allait générer chez les personnes qui attendent d’être vaccinées, explique-t-il. J’ai rappelé à mes confrères que les flacons déjà ouverts pouvaient être gardés jusqu’à 48 heures au frigo. Reste à savoir dans combien de temps nous connaîtrons la décision des autorités sanitaires. » S’il redoute tout de même que cet épisode ne soit pas sans conséquences sur la suite de la campagne de vaccination anti-Covid en officine, aucun des patients dont le rendez-vous a dû être ajourné n’a pour l’instant décidé de renoncer au vaccin. « Par rapport à AstraZeneca, pour moi, il n’y a pas de sujet, estime Renaud Nadjahi. Il y a près de 100 000 cas de thromboses par an en France, soit 275 cas par jour. Il faut comparer ces chiffres avec ceux du Covid qui cause environ 300 décès quotidiens en ce moment. On a estimé qu’il fallait une sécurité supplémentaire, soit, mais il faut savoir raison garder », juge-t-il.
Alors que plusieurs pays européens avaient décidé de stopper l’utilisation d’AstraZeneca dès la fin de la semaine dernière, certains officinaux avaient décidé de temporiser. « J’ai reçu mes doses mais j’ai préféré ne pas commencer tout de suite », explique Augustine Pithon, titulaire à Beauvais, dans l’Oise. Après avoir anticipé un potentiel contretemps, finalement à raison, elle conserve pour l’instant ses vaccins au frigo. « Nous ne sommes pas à une semaine près car, de toute façon, nous n’avons pas assez de doses. Choisir quels patients doivent être vaccinés alors que vous avez une liste d’attente de 150 personnes qui sont toutes potentiellement prioritaires, c’est très compliqué », souligne-t-elle.
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