En transférant en mai sa pharmacie de la rue de Rome au pied de la Gare Saint-Lazare à Paris, Mathilde Clément n’a pas seulement quitté une officine vieille d’un siècle, elle a aussi réalisé un tour de force : « faire mieux dans du plus petit ». Car la titulaire de la Grande pharmacie Bailly a tiré profit de cette contrainte, imposée dans un espace réduit de moitié à 300 m2, pour rationaliser son officine sous tous ses aspects.
Elle a tout d’abord repositionné ses rayons para et cosmétiques en resserrant son référencement selon plusieurs critères : la rentabilité, mais aussi le conseil et l’image que dégageait la marque. « J’aime les marques qui racontent une histoire, des marques créées par les femmes et je privilégie, à côté des incontournables, des marques plus confidentielles avec des gammes plus courtes », expose la consœur. Cependant, la rationalisation a porté essentiellement sur un investissement massif dans l’automatisation. En coopération étroite avec le constructeur BD Rowa et avec le soutien de son éditeur de LGO, Pharmaland, Mathilde Clément a placé la digitalisation et la robotisation au cœur de son projet de transfert.
Absorber un flux de 1 200 patients/jour
Ce parti pris se traduit tout d’abord par l’installation de quatre bornes de paiement autonome BD Rowa Self-Checkout. Ces quatre caisses automatiques réservées au paiement en libre-service de tous les produits hors ordonnance sont installées non loin des trois issues du point de vente, sous la surveillance d'un vigile. Pharmaland a également mis à disposition de la pharmacie un « PAX », terminal de paiement mobile qui permet aux conseillers de vente d’encaisser sans contact dans n’importe quel lieu de l’officine. La montée en puissance des caisses automatiques se chiffre en milliers de clients. « En décembre 2 946 transactions ont été réalisées par les quatre caisses automatiques pour un montant total de 59 000 euros. En septembre, dans la phase initiale, deux caisses ont enregistré 12 00 transactions », récapitule François Legaud, directeur commercial de BD Rowa France.
Cette « délocalisation » du paiement a des conséquences directes dans le management de cette officine de 40 salariés, comme le souligne Mathilde Clément. « Le personnel en ressort valorisé puisqu’il peut désormais se consacrer exclusivement au conseil. Cette mise en avant de leur valeur ajoutée est plus gratifiante pour nos conseillères de vente que l’encaissement derrière un comptoir », affirme-t-elle. De même, les rayonnistes détiennent les capacités pour résoudre les incidents techniques qui peuvent intervenir dans les robots. « Ce temps gagné grâce à l’automatisation permet de dégager une disponibilité nouvelle. Tous les salariés disposent ainsi de deux heures de formation toutes les trois semaines », se félicite Mathilde Clément qui, pour rien au monde, ne reviendrait en arrière. Une partie non négligeable du flux des 1 200 clients jour* est ainsi absorbée rapidement par ces caisses « Self Check-out », un atout de taille pour une pharmacie de passage située, qui plus est, aux abords d’une gare SNCF.
Une aromathèque virtuelle
Ces caisses automatiques, d’un coût de 10 000 euros pièce, sont complétées dans l’espace de vente pas une « aromathèque ». Cette solution digitale, constituée de deux écrans BD Rowa Vmotion reliés aux robots, a été adoptée pour pallier le manque de place d’exposition des produits. Ces deux écrans muraux proposent un large choix en aromathérapie, en se calquant sur le site Internet de la pharmacie. Il suffit au client de sélectionner un fabricant ou une indication, puis de cliquer sur l’un des produits affichés pour le retirer immédiatement dans un bac adjacent. « Ce mur interactif est à utiliser en totale autonomie par le client ou comme support d’échanges avec une conseillère de vente », explique Mathilde Clément.
La titulaire insiste toutefois, le succès de ce concept d’automatisation du point de vente repose sur l’opérabilité entre les équipements BD Rowa, assurée grâce à l'interface W KS2, et son LGO métier. Condition sine qua non de la réussite de cette digitalisation de l’officine, cette connexion se prolonge dans le back-office avec pas moins de trois robots qui compose un écosystème complexe. Au sous-sol, un V Max 160 d’une capacité totale de 22 000 boîtes assure la gestion des réserves, et une fonction de réassort en temps réel. Il alimente en effet en permanence le robot Rowa V Max dédié à l’ordonnance et situé au rez-de-chaussée derrière les six comptoirs de dispensation. Selon son constructeur, cet exemplaire à deux bras, permettant le stockage de boîtes de 50 cm, est unique en France. Enfin, un troisième robot est consacré à l’orthopédie. Pour des raisons d’optimisation de place, des tubes de granules homéopathiques, des pansements et des DM diabète complètent l’assortiment de chaussettes et de bas de contention.
Alors que, variant Omicron oblige, le dépistage par tests antigéniques (TAG) soumet les pharmaciens à un rythme effréné, Mathilde Clément se félicite plus que jamais d'avoir fait le choix d'accélérer la robotisation de son officine. Elle envisage même de pousser encore davantage l'automatisation en ajoutant une nouvelle fonctionnalité à son compte Doctolib : la prise de rendez-vous pour des entretiens pharmaceutiques.
*Estimé à 1 800 patients/jour en période hors Covid.
D'après une conférence organisée par BD Rowa.
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