À l’occasion de la journée mondiale de la sclérose en plaques (SEP) hier, des médecins s’inquiètent des possibles effets délétères de deux traitements indiqués dans cette pathologie face au Covid-19. Le rituximab (MabThera et biosimilaires) et l’ocrélizumab (Ocrevus) pourraient en effet augmenter le risque de faire un Covid grave et empêcher l’action protectrice des vaccins anti-Covid.
Si l’ocrélizumab est spécifiquement indiqué dans la SEP, le rituximab est aussi utilisé dans les lymphomes non hodgkiniens, la leucémie lymphoïde chronique, la polyarthrite rhumatoïde, la granulomatose avec polyangéite et polyangéite microscopique et le pemphigus vulgaris. Or ces deux anticorps monoclonaux ciblant la molécule CD20, administrés à environ 20 % des patients atteints de SEP tous les six mois, semblent accroître le risque de faire une forme grave de Covid-19. Selon le neurologue Jean Pelletier, de la Fondation d’aide à la recherche sur la sclérose en plaques (ARSEP), ce risque a été mis en évidence ces derniers mois par plusieurs études (française, italienne, américaine) et notamment une étude internationale incluant 28 pays.
Pire, le neurologue confie à l’AFP avoir constaté que « des personnes atteintes de SEP et traitées par ces anti-CD20 ne produisent pas d'anticorps après la vaccination contre le Covid ». Ces deux traitements auraient donc la capacité de rendre inefficaces les vaccins anti-Covid, un effet qui pourrait durer plus de six mois, soit davantage que l’intervalle de prise des anti-CD20. Le Pr Pelletier précise que ces observations reposent pour le moment sur « des cas particuliers » mais des études se mettent en place pour en savoir plus.
Ainsi, une étude française, COV-POPART, doit « évaluer l'effet de la vaccination contre le Covid » chez des patients traités pour plusieurs maladies (cancers, maladies rénales, diabète, SEP, etc.), en fonction des traitements qu'ils prennent, et va inclure 600 patients atteints de SEP. « On pourra avoir une première réponse dans 6 mois », indique Jean Pelletier, selon qui cela pourrait rendre nécessaire une adaptation de la stratégie vaccinale chez les personnes concernées. Une adaptation qui ne concernerait pas seulement les patients atteints de SEP sous anti-CD20, mais tous les patients sous ce type de traitement quelle que soit leur pathologie. Le Pr Pelletier souligne qu’il n’y a pas de craintes concernant les autres traitements de fond de la SEP, comme les interférons, qui pourraient même avoir un effet « un peu protecteur ». Cependant, prévient-il, les corticoïdes à haute dose utilisés lors des poussées inflammatoires de la SEP pourraient aussi être un facteur de risque de formes graves de Covid.
Pour l’heure, les patients sous anti-CD20 font toujours partie des publics hautement prioritaires à la vaccination contre le Covid-19 dès l’âge de 18 ans, avec un schéma vaccinal en trois doses avec un vaccin à ARNm. Par ailleurs, tous les patients atteints de SEP sont prioritaires pour la vaccination anti-Covid à partir de 50 ans. Enfin, outre le fait que la vaccination est désormais ouverte à tous les adultes en France, les aidants de patients sous antiCD20 peuvent se faire vacciner prioritairement depuis le 1er mai, munis d'un certificat médical mentionnant qu’ils vivent avec une personne sous anti-CD20.
Avec l'AFP.
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