Le chiffre d’affaires de l’officine pour les produits prescrits en ville reste relativement stable sur les neuf premiers mois de l’année, en hausse de 3 % par rapport à la même période en 2020 et en baisse de 1 % comparé à 2019. En revanche, la prescription hospitalière contribue à la croissance avec un chiffre d’affaires qui bondit de 13 % par rapport à 2020 et de 18 % par rapport à 2019.
C’est aussi le cas, bien que de façon plus modérée, pour le conseil pharmaceutique dont le chiffre d’affaires gagne 3 % (et 5 % versus 2019). « Depuis le début de l’année, l’économie générale de l’officine se porte plutôt bien », constate David Syr, directeur général adjoint de GERS Data.
Une tendance qui se poursuit depuis la rentrée, portée par le retour des maux de l’hiver arrivés en avance cette année en raison d’un été plutôt froid et humide. De fait, les chiffres d’affaires des marchés du prescrit en ville, du prescrit à l’hôpital et du conseil pharmaceutique gagnent respectivement +1 %, +15 % et +10 % sur la période allant du 30 août au 24 octobre par rapport à l’an dernier. Si le nombre de consultations avec prescription est stable depuis fin août (-1 % vs 2020), certaines pathologies hivernales occupent particulièrement les médecins généralistes et leurs ordonnances. Depuis la rentrée, la gastroentérite et la rhinopharyngite font un retour en force (+33 % et +46 % de consultations vs 2020), largement devancées par la bronchiolite (+193 %).
Campagne antigrippale : les premiers chiffres
Seuls les syndromes grippaux restent en retrait. Les pharmaciens s’investissent d’ailleurs pour que cela ne change pas en participant massivement à la campagne de vaccination antigrippale. Le GERS a évalué son démarrage, ressenti comme poussif au comptoir. En comparant le nombre de vaccins délivrés les deux premiers jours de la campagne sur les trois dernières années, David Syr constate : « On revient quasiment au même niveau qu’en 2019. » En effet, les pharmaciens ont délivré 1,010 million de vaccins les 22 et 23 octobre derniers quand ils en avaient dispensé 1,073 million en deux jours de campagne en 2019. « C’est très en dessous de ce qu’on a observé l’année dernière », note-t-il, avec 3,743 millions de vaccins délivrés sur la même période. Mais en 2020, la crainte était grande face à une possible co-infection grippe/Covid alors que les vaccins contre le Covid-19 n’existaient pas encore. De plus, souligne David Syr, « il y a eu beaucoup de communications l’an dernier sur le stock restreint de vaccins antigrippaux », ce qui a contribué à provoquer une ruée à l’ouverture de la vaccination.
Succès des DM et des produits conseils
Autre marché porteur à l’officine, celui des dispositifs médicaux prescrits qui gagne 11 % depuis janvier dernier et 5 % depuis la rentrée par rapport à 2020. « Les segments des pansements, de l’orthopédie et des soins post-opératoires sont positifs. Cela veut dire que la vie d’avant reprend, avec les aléas des opérations et les prises en charge associées », explique David Syr. Le chiffre d’affaires de la santé conseil « prise dans son sens large » gagne 2 % par rapport à 2020 et prend de l’ampleur depuis fin août (+8 % vs 2020, +14 % vs 2019) grâce aux segments du mal de gorge (+36 %), de la toux (+68 %), du confort respiratoire (+27 %), de la diarrhée (+23 %) et du sommeil (+22 %). « Cela montre qu’il y a eu un virage : aujourd’hui le patient va en pharmacie pour la prise en charge de sa santé. »
Les produits bio restent aussi dynamiques depuis début 2021, et en particulier depuis la rentrée puisqu’ils enregistrent une hausse de chiffre d’affaires de 13 % (+41 % vs 2019). À noter cependant que les huiles essentielles restent en recul (-9 %) en raison d’achats importants enregistrés l’an dernier. Quant au marché de la dermocosmétique et de l’hygiène, en progression depuis le début de l’année, il enregistre lui aussi une hausse depuis la rentrée (+9 %) avec des contributeurs à la croissance tels que La Roche-Posay, Avène, Caudalie, Nuxe ou encore SVR.
Évolution des tests
Enfin, le GERS met en lumière l’évolution de la réalisation de tests Covid à l’officine depuis la mi-avril. Le nombre de tests antigéniques réalisés, qui tournait entre 500 000 et 800 000 par semaine jusqu’à la mi-juillet, a explosé avec la mise en place du passe sanitaire, culminant à plus de 3 millions de tests la semaine du 16 août. Il s’est ensuite stabilisé à environ 2,5 millions de tests hebdomadaires, avant de chuter en raison de la fin de leur prise en charge par l’assurance-maladie au 15 octobre pour les adultes non vaccinés. Ainsi, la semaine du 18 octobre enregistre 990 000 tests antigéniques réalisés, soit un recul de 37 % par rapport à la semaine précédente.
Les autotests, qui n’ont quant à eux jamais vraiment décollé, ont atteint leur apogée à la mi-mai (434 000) avant un second pic pendant l’été (398 000) lors de la mise en place du passe sanitaire. Ils ont depuis diminué un peu plus chaque semaine. Le gouvernement ayant décidé de supprimer ces autotests supervisés des moyens permettant de valider le passe sanitaire au 15 octobre, ceux-ci ont encore reculé de 10 % la semaine du 18 octobre à un nombre de 105 000. Mais la donne pourrait changer, le Conseil d’État ayant cassé la décision du gouvernement fin octobre, réintégrant de fait les autotests (dont le résultat est négatif) au passe sanitaire.
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