L'année dernière, parmi le 1,182 milliard de visites enregistrées dans les pharmacies françaises, 656 millions étaient liées à des soins de premier recours, dont 349 millions ont abouti à la délivrance de produits sans ordonnance, selon les chiffres du baromètre 2023 de l'association NèreS. Les années précédentes, ces demandes de soins non programmés plafonnaient à 300 millions.
Désormais, les ventes de produits de premier recours (avec ou sans prescription) atteignent 4,4 milliards d'euros en pharmacie (+24 % par rapport à 2019). Ce chiffre a connu une légère baisse de 2,5 % par rapport à 2022, principalement en raison de la diminution des ventes de dispositifs médicaux, notamment les masques (-81 %) et les autotests (-62 %).
Une croissance tirée par les compléments alimentaires
Globalement, « L'activité officinale reste soutenue malgré une légère décroissance principalement expliquée par la fin du Covid », juge Nicolas Grelaud, directeur général chez OpenHealth Company, qui se félicite que les Français « développent un "réflexe de santé de proximité” et recentrent leur confiance sur la pharmacie, y compris pour les compléments alimentaires ». En effet, les ventes de ces derniers ont augmenté de 9,6 % en pharmacie, tout en diminuant de 19,7 % dans les magasins bios. De fait, la croissance du marché du premier recours est principalement soutenue par les compléments alimentaires et les dispositifs médicaux, avec des augmentations moyennes annuelles respectives de 8 % et 5 %. Les compléments alimentaires en particulier ont vu le nombre de nouveaux lancements bondir de 176 % depuis 2014 et représentent aujourd’hui 73 % de tous les lancements sur ce marché. Ces produits sont aussi de plus en plus dédiés à la santé de la femme : ce segment enregistre une croissance significative de +26,4 % par rapport à 2022 et de +48,8 % par rapport à 2019, avec un marché estimé à environ 40 millions d'euros pour les produits non soumis à prescription médicale.
Généraliser OSyS
Pour conforter le rôle de la pharmacie comme solution de santé de proximité, NèreS souhaite mettre en place des parcours de soins du quotidien basés sur les entretiens de prévention et ceux réalisés dans le cadre de l’expérimentation OSyS, mais étendus à une trentaine, voire à une cinquantaine de pathologies courantes.
NèreS a également dénoncé les contraintes réglementaires qui limitent l’introduction de nouvelles molécules sans ordonnance sur le marché et qui pénalisent l’innovation dans ce domaine. Elle propose de délister des molécules afin de rattraper le reste du continent (210 molécules délistées en moyenne en Europe, contre 95 en France). Dans ce but, NèreS propose la création d’un « Conseil national du premier recours en santé », qui regrouperait divers acteurs du secteur de la santé (dont les pharmaciens) et serait chargé d'émettre des recommandations sur les molécules à délister en fonction des besoins des patients.
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