Face à un système cloisonné qui transforme trop souvent le parcours de soins en parcours du combattant, les usagers apprécient l’accessibilité et la proximité du pharmacien. « Les patients ne s’y sont pas trompés, ils se sont dirigés pendant la crise vers le professionnel de santé sans rendez-vous capable de les soulager et de les orienter. Cela nous oblige à repenser le premier recours en s’appuyant sur les acteurs de proximité », explique Gérard Raymond, président de France Assos Santé.
Cette déclaration de confiance n’a pas échappé à Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) qui défend la dispensation de médicaments à prescription médicale facultative (PMF) dans un parcours de soins « et non de consommation » comprenant arbres décisionnels, inscription au dossier pharmaceutique (DP) et information du médecin traitant. Dans la même veine, il souhaite voir s’appliquer la dispensation sous protocole de médicaments à prescription médicale obligatoire (PMO) dans certaines pathologies, comme prévu par la loi Santé de juillet 2019. Globalement, il appelle les professionnels de santé à s’organiser autour de la prise en charge du patient et donc à se coordonner, seul moyen à ses yeux d’organiser la sortie hospitalière ou d’améliorer le suivi du patient chronique.
Rendez-vous de prévention
Pour Philippe Besset, président de la Fédération de syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), le pharmacien de premier recours contribue au désengorgement des urgences et au renforcement de la santé publique. « Il serait souhaitable d’identifier les raisons pour lesquelles le patient peut légitimement se rendre à l’officine ou à l’hôpital pour ensuite former les citoyens. » Cette éducation à la santé permettrait de placer le pharmacien comme acteur de santé publique. « Je milite pour un rendez-vous de prévention assumé de manière coordonnée par un médecin, un pharmacien ou un infirmier aux trois âges des rappels vaccinaux : à 25 ans, à 45 ans, à 65 ans », ajoute Philippe Besset.
Pascal Gendry, médecin généraliste et président d’AVECsanté (ex-Fédération française des maisons et pôles de santé, ou FFMPS), appelle les pharmaciens à rejoindre les équipes coordonnées de soins primaires pour y apporter leurs compétences sur le médicament et leur capacité à faire le lien entre l’hôpital et la ville. Antoine Prioux, titulaire à Bugeat (Corrèze) et coordinateur du pôle de santé Mille soins sur un plateau, ne s’est pas fait prier. Convaincu que la coordination est le seul avenir possible, il vante les protocoles de prise en charge mis en place et les mérites du logiciel partagé entre les professionnels du pôle qui permet à chacun d’accéder au planning des uns et des autres, aux dossiers médicaux de façon intégrale et de documenter les données patients avec les déterminants de santé, les données cliniques, de prescription, de dispensation, d’adhésion thérapeutique… Car, explique Antoine Prioux, « plus on a d’informations, moins on a d’incertitudes, meilleures sont les décisions ».
* D’après un colloque du Comité pour la valorisation de l’acte officinal (CVAO).
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