Plusieurs propositions ont été avancées par la profession pour réduire les pénuries de médicaments, lors de la commission d'enquête sur la pénurie de médicaments au Sénat. Parmi elles : autoriser plus facilement les pharmaciens à substituer une molécule par une autre, ou réaliser des préparations magistrales en cas de ruptures.
Alors que la France fait face à une multiplication des pénuries de médicaments, les principaux représentants de la profession - Ordre, syndicats, Académie de pharmacie - étaient entendus ce 21 mars par la commission d’enquête sur la pénurie de médicaments au Sénat.
Selon la sénatrice Sonia de La Provôté, « la situation n'est pas neuve, mais elle n'est pas traitée ». Surtout, relève Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) elle a suscité un émoi certain ces derniers mois car les ruptures ont particulièrement touchées des spécialités pédiatriques. Une première proposition énoncée par le président de l'Académie nationale de pharmacie, Bruno Bonnemain, serait de dresser « une liste de 100 à 200 molécules indispensables qui bénéficieraient de mesures spécifiques (législatives, réglementaires, économiques, industrielles) pour améliorer la situation de pénurie ».
Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, recommande d'améliorer de manière urgente la communication et la transparence sur les situations de rupture et surtout de renforcer le caractère obligatoire du DP rupture, qui permet d'informer des ruptures mais aussi de leurs causes, ce qui n'est pas toujours fait : « Aujourd'hui, aucun industriel n'est obligé de s'abonner à ce service. Or la transmission d'information est prioritaire. »
Une position partagée par Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Il faut plus de transparence. Nous devons pouvoir expliquer et justifier les ruptures aux clients. De l'opacité actuelle sur leurs causes ou leurs durées, résulte une perte de confiance de ces derniers envers nous », analyse Pierre-Olivier Variot, qui rappelle que les pharmaciens passent entre 6 à 12 heures, chaque semaine, à s'informer sur la disponibilité des médicaments. « Nous avons près de 4 000 molécules en rupture, tous les médicaments sont à un moment ou un autre touchés », affirme-t-il.
Les préparations magistrales et la substitution d'une molécule par une autre sont une solution à la rupture. Mais la lourdeur administrative et la lenteur des processus font obstacle à leur bon déroulement : « Substituer une molécule par une autre est très compliqué sur le plan réglementaire, alors que c’est très simple pour les pharmaciens sur le plan technique », assure Carine Wolf-Thal.
En accord avec les solutions proposées par ses pairs, Philippe Besset insiste sur le fait qu'au niveau du pharmacien dispensateur, que ce soit à l'officine ou à l'hôpital, la capacité d'action se limite à gérer la pénurie et non à la prévenir. Néanmoins, il préconise, en sus d'améliorer l'information sur les tensions d'approvisionnement et de renforcer le bon usage des produits de santé, d'accorder aux pharmaciens le droit de substituer une molécule par une autre selon une liste établie par l'Agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM). « Ce droit de substitution se déclencherait lors d'un plan blanc pénurie. Alors que nous avons des tensions sur les corticoïdes actuellement, cela nous permettrait de substituer de la prednisone par de la prednisolone et inversement, puisque nous avons alternativement l'une ou l'autre dans nos stocks en fonction des approvisionnements. »
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