- Je vous rejoins dès que les secours arrivent, dit J-C à Marion.
- Je vous donne du tracas, marmonne Madame Deligné adossée au muret du parking de la pharmacie.
- Pas de problème Madame. Les pharmaciens font grève aujourd’hui, et nous allons manifester dans la rue pour défendre les pharmacies de proximité. Comment vous sentez-vous ?
- J’ai les jambes tout engourdies, et j’ai mal au poignet. Je n’arrive pas à le bouger, répond la vieille dame en frottant son articulation. Mais vous Monsieur Pontignac, vous allez bien ?
Le pharmacien regarde la patiente avec des yeux écarquillés. Il s’assoit soudain près de la blessée et pose sa main sur son front.
- Je ne sais pas ce qu’il m’arrive. Le problème c’est que je n’ai pas révisé la chimie organique. Je peux vous dire à vous : je n’aime pas la chimie organique…
- Monsieur Pontignac, de quoi vous parlez ?
- La chimie organique ce n’est pas votre matière. Vous c’est la pharmaco et vous êtes une bonne prof.
Madame Deligné regarde, ahurie, le pharmacien sans comprendre un mot de ce qu’il raconte. Le deux tons des pompiers qui se rapproche la rassure.
Place François Mitterrand, une centaine de blouses blanches se met en marche en direction de la préfecture. Marion pousse le fauteuil roulant de Kenza derrière deux pharmaciens portant une banderole sur laquelle on peut lire « Se mobiliser aujourd’hui pour exister demain ».
- Alors, on allait partir sans nous ?
Les pharmaciennes se retournent, surprises :
- Madame Chapovski !
- En personne ! Ben dites donc, ça fait longtemps que je n’ai plus eu l’occasion de manifester. Qu’est-ce qu’il faut scander ? Ferracci, qu’est que ce que tu nous ch…
- OK Madame, on va choisir un autre slogan, l’interrompt Marion. En tout cas, c’est super que des patients comme vous se joignent à nous. Merci.
- Mais, votre combat nous concerne ! Où sont vos patrons ?
- Karine est devant, avec les représentants élus, et J-C n’est pas arrivé, répond Kenza.
- C’est étrange d’ailleurs. Ça fait plus d’une heure qu’on l’a laissé sur le parking. J’espère que l’état de Madame Deligné ne s’est pas dégradé, s’inquiète Marion.
Tandis que l’adjointe explique à Madame Chapovski la chute de Madame Deligné, Karine les rejoint, essoufflée :
- Est-ce que l’une d’entre vous a mangé des crêpes ce matin avant de partir à la manifestation ?
- Les crêpes de Marilyne ? Non, on devait les garder pour cet après-midi. Seul J-C n’a pas résisté, le gourmand !, plaisante Kenza.
- Et sa gourmandise l’a envoyé à l’hôpital pour une intoxication au datura. Il semble que la farine utilisée par Marilyne soit contaminée…
- Non !, s’écrient les adjointes incrédules.
- Je viens de la prévenir pour que personne d’autre ne mange ces crêpes, poursuit la titulaire de la Pharmacie du Marché. Heureusement, c’était la première fois qu’elle utilisait cette farine.
- Je me souviens : elle l’a achetée sur le marché à ce stand de produits biologiques (cf. épisode 233). Intoxication au datura, c’est fou quand même, dit Marion. Et J-C, il va comment ?
- Mieux, mais il délirait complètement. Alors qu’il devait rester pour surveiller Madame Deligné en attendant les secours, c’est finalement elle qui s’est occupée de lui. Heureusement, les pompiers ont emmené tout le monde aux urgences.
(à suivre...)
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