Plus de 30 000 contaminations quotidiennes, un taux d’incidence à plus de 200 pour 100 000 habitants, une augmentation des hospitalisations, notamment en soins intensifs, et des décès : la France voit déferler la 5e vague de Covid-19 que ses voisins affrontent déjà. Un léger décalage dans le temps que le gouvernement attribue à la bonne couverture vaccinale en métropole et à l’activation du passe sanitaire dès l’été dernier. Et qui contribue également à « décorréler » le haut niveau de contaminations de l’augmentation modérée des hospitalisations pour Covid. Pour autant, le statu quo n’est pas de mise. Pour « traverser » la vague et « sauver les fêtes de fin d’année », le gouvernement renforce la campagne vaccinale ainsi que le passe sanitaire ; compte sur le retour des gestes barrières, notamment du masque en intérieur, parfois même en extérieur ; et table sur l’arrivée de traitements tels que le molnupiravir (voir ci-dessous).
Le protocole vaccinal
Suivant l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS) publié jeudi matin, le gouvernement a ouvert samedi la dose de rappel vaccinal aux 18 ans et plus, injectable dès 5 mois (et non plus 6) après la 2e dose. Un intervalle réduit qui se base sur les modélisations de l’Institut Pasteur selon lesquelles la réduction du pic d’hospitalisations est de 39 % avec un écart de doses de 6 mois et de 50 % lorsqu’il est de 5. L’objectif affiché est de vacciner les 19 millions de Français concernés par le rappel dans les deux mois. Pour y parvenir, le gouvernement va s’appuyer sur les 1 100 centres de vaccination toujours en fonctionnement en amplifiant leurs capacités, quitte même à en rouvrir d’autres, ainsi que sur les professionnels de santé libéraux.
Conséquence des annonces de jeudi dernier d’Olivier Véran, ministre de la Santé, c’est la ruée pour obtenir un rendez-vous sur les plateformes en ligne mais aussi directement dans les pharmacies. Le ministre promet que les stocks sont assurés et rappelle que les quantités livrées aux professionnels de santé ne sont plus limitées. À ce sujet, les syndicats d'officinaux ont demandé au ministre de simplifier la commande des vaccins de façon à les obtenir plus rapidement. À tous, le ministre a demandé un effort supplémentaire en travaillant aussi le dimanche. Un choix qui repose sur le volontariat, et qui s’adresse à des équipes déjà surmenées par près de deux années de pandémie.
Au-delà du rappel vaccinal, le gouvernement cherche toujours à convaincre les 6 millions de Français éligibles à la vaccination qui n’ont reçu aucune dose. Il mise, là encore, sur les libéraux de santé et annonce le redéploiement de barnums de vaccination, notamment dans les centres commerciaux.
Passe sanitaire : des vaccins et des tests
Le rappel vaccinal sera une condition pour prolonger la validité du passe sanitaire. Condition appliquée dès le 15 décembre aux 65 ans et plus, puis à l’ensemble de la population adulte à partir du 15 janvier. En d’autres termes, le passe sanitaire sera invalidé 7 mois après administration de la 2e dose. Pour ne pas laisser passer la date du rappel, une nouvelle fonctionnalité sera intégrée à l’application TousAntiCovid, qui préviendra ses utilisateurs de l’arrivée à péremption de ce sésame.
Le gouvernement fait le choix du passe sanitaire, et non vaccinal, les tests Covid négatifs, qu’ils soient PCR ou antigéniques, permettant toujours de le valider. Cependant, leur durée de validité est raccourcie de 72 heures à 24 heures et leur coût reste à la charge de l’intéressé adulte non vacciné, non-cas contact et sans prescription. Un choix dicté, selon Olivier Véran, par la forte circulation du virus, mais qui pourrait inciter certains réfractaires à se faire vacciner. Pour les autres, ils devront se rendre plus souvent en laboratoire ou en pharmacie. Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), prédit une augmentation du nombre de tests hebdomadaires, déjà en hausse ces dernières semaines. Sur près de 3 millions de tests réalisés du 15 au 21 novembre, les pharmaciens en ont réalisé 1,6 million contre 1 million une semaine plus tôt.
Masque et gestes barrières
Face au relâchement des gestes barrières, Olivier Véran appelle les Français à se ressaisir. Le gel hydroalcoolique doit redevenir la norme, les embrassades et poignées de mains doivent disparaître, l’aération des pièces doit être systématique. Le port du masque, quant à lui, devient obligatoire en intérieur, y compris dans les lieux où le passe sanitaire est demandé : restaurants, cinémas, théâtres, centres commerciaux, musées, discothèques… la liste est longue. Les préfets peuvent, en sus, imposer le masque en extérieur dans des lieux de forte concentration de personnes, par exemple sur les marchés de Noël. Le renforcement des contrôles du passe sanitaire se poursuit, en particulier dans les restaurants, les cinémas et les transports.
Et les enfants ?
Alors que l’Agence européenne du médicament (EMA) a rendu un avis favorable pour le vaccin de Pfizer-BioNTech destiné aux 5-11 ans jeudi midi, le gouvernement indique qu’il ne prendra pas de décision avant d’avoir consulté le Conseil consultatif national d’éthique et la HAS. Et si la France opte pour la vaccination des enfants dès 5 ans, celle-ci ne commencera pas avant début 2022, le temps d’acquérir les vaccins spécifiques à cette tranche d’âge, et ne sera pas obligatoire.
D’autre part, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, déploie dès cette semaine une procédure, expérimentée dans 10 départements depuis début octobre, pour éviter les fermetures de classe (au nombre de 8 500 jeudi dernier). Au lieu de fermer une classe dès qu’un cas positif est détecté, l’ensemble des enfants de la classe concernée seront testés et ceux dont le test est négatif pourront continuer à aller en cours. Des tests qui seront réalisés à l’école lorsque c’est possible, ou bien par « les représentants légaux », donc les parents dans la plupart des cas, qui pourront faire ce dépistage en laboratoire ou en pharmacie. Pour rappel, les tests sont intégralement pris en charge pour les mineurs.
Ces nouvelles mesures vont surtout peser sur « les non vaccinés, les personnes qui ne prennent pas leurs responsabilités », a expliqué le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal. Elles vont aussi, sans conteste, largement peser sur les pharmaciens qui réalisent 50 % des tests chaque semaine et restent les plus vaccinateurs contre le Covid en ville.
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