Les messages de pharmaciens affluent sur les réseaux sociaux : des flacons d’AstraZeneca dorment au fond de leurs frigos. « J’en ai encore quatre et quand je me décide à percuter un flacon, je dois bien m’assurer que les patients viendront à leur rendez-vous ! », témoigne ce pharmacien qui, comme de nombreux confrères et des médecins, essuie le refus de personnes éligibles de recevoir le vaccin AstraZeneca.
Pourtant, le ministère de la Santé n’en démord pas, les vaccins AstraZeneca et Janssen sont indispensables à la campagne vaccinale. Craignant de rester sur le stock de 3,3 millions de doses attendu d’ici à la fin du mois de mai - 3,8 millions d’ici à fin juin - le gouvernement songe à orchestrer une campagne d’incitation à la vaccination en s’appuyant sur des people. « Le ministère compte surtout sur les pharmaciens et les médecins pour vaincre la défiance des Français. Car l’AstraZeneca est encore moins bien perçu en centres de vaccination », analyse Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmacies d’officine (UDGPO). De fait, le ministère en convient : le taux d’utilisation du vaccin AstraZeneca (doses injectées/doses livrées) est de 67 % au global, mais de 73 % en ville.
Une perte de temps
Alain Grollaud, président de Federgy, la chambre syndicale des enseignes et groupements de pharmacie, est pessimiste quant à un regain de notoriété du vaccin AstraZeneca. « Le mal est fait. Suspension = suspicion. Il eut été préférable d’attendre l’avis de l’EMA. Cela aurait rassuré les populations. Or nous nous trouvons en bout de chaîne, face à des patients imprégnés par les médias », déclare-t-il, déplorant par ailleurs que l’on puisse « faire le choix de son vaccin ».
Les pharmaciens ont la fâcheuse impression qu’on leur « coupe les ailes ». La campagne vaccinale en officine, qui avait pourtant bien démarré avec 653 394 injections réalisées depuis le mois de mars*, va-t-elle s’infléchir faute de munitions ? Si tant est qu’il soit mieux accepté par la population que son homologue, le vaccin Janssen, dont 7,9 millions de doses seront livrées d’ici à fin juin, ne suffira pas à combler les refus de l’AstraZeneca. Ni même le Moderna, premier vaccin à ARN messager attendu en ville en juin à raison de 100 000 doses par semaine.
Selon les pharmaciens, la seule solution pour consolider et accélérer la campagne vaccinale en ville est de recourir au Comirnaty (Pfizer/BioNTech). Depuis plusieurs semaines déjà, les deux syndicats de la profession réclament à cor et à cri au gouvernement le droit d’administrer ce vaccin chouchou des Français dont 7,3 millions de doses supplémentaires arriveront d’ici à fin juin. Cependant, le gouvernement n’en démord pas. Ce vaccin à ARN messager reste exclusivement dédié aux centres de vaccination. Ceux-ci parviendront-ils à absorber les quelque 47,9 millions doses promises d’ici à fin juin ?
Là n’est pas la question pour Laurent Filoche : « face aux échéances des élections régionales, le gouvernement a cédé aux revendications des élus locaux qui souhaitent tous leurs vaccinodromes. Résultat : la situation est bouchée pour la vaccination en ville au moins jusqu’à l’été. C’est du temps perdu. »
* Données USPO.
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