- Tu fais quoi ?, demande Christèle à son collègue Emmanuel.
Assis confortablement dans un des fauteuils de la salle de pause, le préparateur relève la tête :
- Je lisais un article sur les dérives sectaires en santé. C’est fou les solutions miracles qui sont proposées…
- Ce qui est encore plus fou, c’est que des gens y croient !, rétorque la préparatrice en remplissant d’eau la bouilloire.
- Quand on est malade, je peux comprendre qu’on ait envie de croire au miracle. En fait, l’histoire de Monsieur Luc me préoccupe. La naturopathe, Madame Novat dont il m’a parlé, a certainement incité d’autres patients à arrêter leur traitement conventionnel…
- De là à en déduire qu’il y a une dérive sectaire derrière, ce n’est pas un peu excessif ?
- Tu as peut-être raison.
Christèle s’assoit près de son collègue et commence à siroter son infusion. Elle reprend finalement la conversation :
- Il faudra en parler avec Juliette, l’ancienne adjointe. Il y a quelques semaines, elle m’a parlé d’un couple de patients ; au début, la femme a commencé à commander à la pharmacie des produits un peu saugrenus, inhabituels, pour son mari. Juliette s’est vite rendu compte que le mari en question ne prenait plus son anticancéreux oral. Elle a voulu en parler avec lui mais sa femme a rapidement mis fin à la conversation. Et le couple n’est plus revenu à la pharmacie.
- Ah, tu vois pourquoi nous devons être vigilants !
Les deux préparateurs sont interrompus par Marion et Karine, engagées dans une conversation très animée :
- De toute façon, si la FSPF n’avait pas signé, on serait vraiment dans une très mauvaise situation, explique Karine. J-C me soutient le contraire. Il pense que c’est une grosse erreur, et qu’il aurait mieux valu faire comme les médecins : refuser, et faire monter la pression.
- Je ne savais pas que J-C était plutôt USPO, répond Marion.
- Il n’est pas vraiment USPO. Il passe de l’un à l’autre. Ça va vous deux ?, demande la titulaire en apercevant les préparateurs.
Après avoir échangé quelques minutes avec ses collègues, Karine redescend dans son bureau ; elle doit y recevoir Magali R, la déléguée du laboratoire Norofi pour faire le point sur les nombreux médicaments en tension. Alors qu’elle consulte ses notes, la pharmacienne reçoit un appel du maire :
- Bonjour, comment vas-tu Gaëtan ?
- On a un problème Karine. Notre cher député ne veut pas se représenter au nom de notre famille politique. Le président de la République a raison. Les masques tombent.
- C’est-à-dire ?
- C’est-à-dire que Gérard a rejoint un camp adverse. Bref. Est-ce que tu es toujours prête à t’engager ?
La pharmacienne marque un temps de silence :
- Tu veux dire, m’engager en tant que candidate pour notre circonscription ?
- Exactement. Tu es une élue municipale dynamique, une pharmacienne respectée et surtout reconnue. Les gens te font confiance. Et je me souviens d’une discussion au cours de laquelle tu me disais qu’être députée ne te déplairait pas…
- C’était il y a cinq ans…
- Viens avec Mathieu et ton fils dîner à la maison ce soir. Nous en parlerons à tête reposée. Mais il faut faire vite, dit le maire avant de dégainer un dernier argument de poids. Au fait, si tu es candidate, tu seras face à ton confrère Pinson. Il se présente pour le parti nationaliste.
(à suivre…)
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