LES NOUVELLES missions accordées aux pharmaciens irritent les médecins. L’histoire n’est pas nouvelle, mais elle se répète fréquemment. Ainsi, la possibilité récemment offerte aux officinaux de réaliser des tests de dépistage dans un espace de confidentialité (« le Quotidien » du 20 juin) a ravivé les vieilles querelles. En particulier les tests concernant la grippe et l’angine à streptocoque du groupe A. On se souvient aussi que l’autorisation faite aux pharmaciens d’accompagner des patients sous AVK avait suscité des poussées d’urticaire chez certains prescripteurs. Jusqu’à l’ancien président du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), le Dr Michel Legmann, qui n’avait pas hésité à se moquer de l’engagement des confrères dans des missions de santé publique. « Les pharmaciens veulent passer du conseil à la consultation, derrière leur tiroir-caisse », avait-il ironisé. En février 2009, le CNOM avait même engagé une procédure judiciaire contre le groupement Giphar pour exercice illégal de la médecine et publicité trompeuse. À cette époque, la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) est encore en gestation et les médecins sont inquiets de l’évolution du métier de pharmacien. Ils craignent que ses nouvelles attributions empiètent sur leurs propres prérogatives. Giphar, lui, lance en décembre 2008 une campagne de communication sur le « conseil santé Giphar » pour soigner les maux de l’hiver et propose d’orienter vers un traitement personnalisé et une posologie adaptée. Le CNOM voit rouge : pour lui, les pathologies visées nécessitent un diagnostic qui relève du domaine médical, et la mise à disposition d’un « bloc santé » est assimilable à une ordonnance. Giphar ne cède pas et malgré cette plainte, le groupement lance une seconde campagne, en juin 2009, cette fois orientée vers les maux de l’été. Après quatre longues années de procédures, le verdict vient de tomber. Et les pharmaciens ont gagné ! Le groupement est relaxé de toutes les accusations dont il faisait l’objet. « Les plaignants n’ont pas souhaité faire appel, le jugement rendu le 24 juin est donc définitif et il est exemplaire ! », se réjouit Jean-Michel Cloppet, président de Giphar.
Mais Giphar n’est pas la seule organisation à subir les foudres du CNOM qui a engagé une série de procédures contre la profession. En effet, également en 2009, mais à Lyon, l’instance médicale porte plainte pour les mêmes motifs – exercice illégal de la médecine et publicité mensongère – cette fois à l’encontre des trois syndicats de pharmaciens (FSPF, USPO et UNPF) et de la mutuelle MTRL avec laquelle ils ont conclu un accord permettant de proposer un bilan de prévention personnalisée par le pharmacien. Mais là encore, le CNOM se casse les dents, puisque dans cette affaire également, la pharmacie a gain de cause, l’affaire ayant abouti, le 18 décembre dernier, à un non-lieu.
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