Sécurité virale : enquête à l'Institut Pasteur

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Publié le 08/03/2017
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Crédit photo : GARO/PHANIE

L'Institut Pasteur, fleuron de la science française, se trouve sous le coup d'une enquête judiciaire sur les conditions de transport et de conservation d'un dangereux virus.

« Le Parisien », qui vient de révéler l'affaire, fait état d'un signalement de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) en octobre 2016, entraînant l'ouverture de l'enquête préliminaire le 19 décembre suivant. Le 11 octobre 2015, une scientifique de l'Institut Pasteur de Corée du Sud a transporté clandestinement, à bord d'un vol Séoul-Paris, trois tubes d'échantillon du potentiellement mortel MERS Coronavirus. Rangés dans une « petite boîte bleue de produit cosmétique », les échantillons sont restés sur l'étagère du bureau d'un chercheur de l'Institut, sans aucune précaution particulière, du 16 au 23 octobre. L'Institut Pasteur aurait par la suite procédé à la destruction des échantillons, sans en informer l'ANSM et sans déclarer l'incident sous les 48 heures comme le lui impose la loi. C'est « une fuite opportune » dans la presse coréenne qui met le feu aux poudres. Le directeur général de l'Institut Pasteur, Christian Bréchot, est immédiatement convoqué au ministère de la Santé, où il reconnaît la non-déclaration d'incident, ce qui le rend passible de 350 000 euros d'amende et de cinq ans d'emprisonnement. Répondant hier au « Parisien », l'homme affirme que les trois échantillons « avaient subi un traitement d'inactivation et ne présentaient donc pas de risque de contamination ».

L'ANSM a mené ses investigations avant de confier la suite aux policiers de la Direction régionale de la police judiciaire. L'Agence déplore « l'absence de déclaration » de l'Institut Pasteur, empêchant « la mise en place de mesures de police sanitaire immédiates » et d'éventuelles « mesures de protection des populations ». « Le Parisien » rappelle que l'Institut Pasteur avait déjà été mis en cause en 2014, lorsqu'il avait « perdu 2 349 tubes de SRAS » et « avait mis deux mois pour prévenir l'ANSM ». En outre, le quotidien revient sur le « rapport cinglant » de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) de février qui intime notamment à l'Institut Pasteur de « définir et engager sans délai un plan d'action en vue de garantir la traçabilité de la gestion et le respect de la réglementation sanitaire en matière d'échantillons biologiques ». En février justement, un « incident de cadenas dans un congélateur » a conduit à un inventaire qui a dévoilé un écart de « dix tubes de virus Ebola », incident déclaré dans les 48 heures à l'ANSM.


Source : lequotidiendupharmacien.fr