Le syndic de l’Ordre des pharmaciens du Québec poursuit plus de 70 pharmaciens affiliés à l’enseigne Jean Coutu pour avoir permis à une entreprise pharmaceutique de consulter les dossiers confidentiels de patients en échange de ristournes plus importantes. Les audiences devant le conseil de discipline se sont clôturées la semaine dernière.
La presse canadienne suit le dossier depuis fin 2019. Des pharmaciens sous l’enseigne Jean Coutu, situés dans la province du Québec, sont poursuivis par l’Ordre des pharmaciens pour avoir monnayé l’accès aux dossiers de leurs patients au génériqueur Angita Pharma. Selon l’enquête menée par l’Ordre québécois, ce sont 73 pharmaciens qui se seraient laissés séduire par des ristournes plus importantes, jusqu’à 35 % plus élevées, promises par Angita Pharma s’ils l’aidaient à « prioriser » ses médicaments génériques.
Pour ce faire, explique « Le Journal de Montréal », ils ont autorisé un assistant technique du laboratoire à consulter les dossiers patients pour ajouter sur certains d’entre eux une « note de rappel », indiquant au pharmacien les patients auxquels il pouvait proposer la substitution d’un médicament par un générique d’Angita Pharma. Selon « La Presse », un représentant du génériqueur pouvait, en accédant à ces dossiers patients, « réaliser des projections financières quant aux sommes qu’ils pouvaient espérer toucher ». Cette « entente » concernait des médicaments non listés par la Régie de l’assurance-maladie du Québec mais couverts par certains assureurs privés, ce qui, souligne encore « La Presse », « donne plus de latitude au fabricant pour verser des ristournes élevées ».
À l’issue des audiences devant le Conseil de discipline la semaine dernière, l’avocat de 72 des 73 pharmaciens poursuivis, a assuré que ses clients avaient agi par pur altruisme, « dans l’intérêt de leurs patients », afin de leur proposer « des médicaments à meilleur prix ». Il a ajouté que l’opération consistant à ajouter une note de rappel sur certains dossiers de patients n’était qu’une « manipulation de quelques secondes, et surveillée ». Et que les ristournes obtenues étaient « réinvesties pour améliorer les services ». Face à la complexité du dossier, le conseil de discipline a annoncé qu’il rendrait sa décision dans six mois, soit le double du délai attendu, note « Le Journal de Montréal ».
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