Une enquête a été ouverte par la police après le dépôt de plainte d'un pharmacien de Lorient (Morbihan). Il avait été agressé par un client à qui il avait refusé de vendre de la morphine sans ordonnance.
L'enquête ouverte par la police visera à retrouver le coupable de l'agression d'un pharmacien du centre de Lorient (Morbihan), qui a déposé plainte le 19 juillet. Remplaçant de la titulaire de la pharmacie Vauban-Nicol, l'officinal avait été agressé le 18 juillet par un jeune homme de 20 ans, à qui il avait refusé de délivrer de l’Oxycodone, un dérivé de la morphine, alors que le client ne présentait pas d'ordonnance.
Un refus motivé par le fait que le pharmacien, qui connaissait son agresseur et lui avait prodigué de la morphine une semaine auparavant, savait qu'un de ses confrères lui en avait déjà fourni. L'agresseur aurait alors secoué le pharmacien, avant d'être repoussé hors de l'officine par un autre patient venant au secours du pharmacien. Il serait ensuite revenu le lendemain.
Le suspect n'en serait pas à son coup d’essai et est connu pour « nomadisme médical et fausses ordonnances », selon Véronique Prié, pharmacienne titulaire à Lorient et vice-présidente du conseil régional de l’Ordre des pharmaciens de Bretagne. « Il fait des fausses ordonnances depuis plusieurs années et est connu de la CPAM. Il était dans une démarche de diminution de sa consommation. »
La représentante ordinale dénonce également un « climat général difficile » pour les pharmaciens de la ville. Plusieurs d'entre eux ont été agressés par des patients ces dernières semaines et une officine a été récemment cambriolée.
« Les patients sont intolérants à la frustration. Dès qu'on les contrarie, ils deviennent agressifs et insultent », témoigne Véronique Prié. « Nous avons souvent des signalements de la part de patients se plaignant de pharmaciens qui refusent de délivrer des médicaments de manière abusive, alors que nos confrères sont dans leur droit », constate-t-elle. Face à la montée des violences, le conseil régional de l’Ordre des pharmaciens de Bretagne a signé une convention avec la gendarmerie et la police, afin de sensibiliser et de conseiller les pharmaciens sur les questions de sécurité.
À l'échelle nationale, les agressions de pharmaciens sont reparties à la hausse en 2022, la profession faisant face à une montée de l'incivilité, qui avait été particulièrement exceptionnelle au début de la pandémie de Covid-19, ainsi que durant les violences urbaines fin juin. Une situation inquiétante, d'autant plus que dans la moitié des cas, les pharmaciens ne portent pas plainte, souvent par manque de temps ou par peur des représailles.
Pour rappel, le réseau Adop met à la disposition des pharmaciens (et autres professionnels de santé) en souffrance psychologique un numéro vert (0800 73 69 59), accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, où ils peuvent trouver du soutien et de l'accompagnement auprès de confrères.
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