Insolite lutte contre la corruption

Ouganda : la ministre de la Santé se déguise pour confondre des escrocs

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Publié le 21/09/2017
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Deux travailleurs médicaux ougandais ont été pris en flagrant délit de corruption par une patiente pas comme les autres : la ministre ougandaise de la Santé. Ils ont fait payer à la ministre, qui s’était déguisée pour ne pas être reconnue, des services normalement gratuits.
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Crédit photo : dr

Imagine-t-on Agnès Buzyn se rendant à l'hôpital, sous un déguisement, et se faire passer pour une patiente ordinaire afin de confondre quelques aigrefins ? C'est en tout cas ce que n'a pas hésité à faire son homologue d'Ouganda, en Afrique. « J'avais reçu de nombreuses plaintes concernant le personnel de l'hôpital qui extorque de l'argent aux patients », a raconté Sarah Opendi, la ministre de la Santé ougandaise.

Alors, pour avoir le cœur net sur l'existence de ces activités peu louables, Sarah Opendi s'est rendue à l'hôpital de Naguru, dans la capitale Kampala. Pour ne pas être reconnue, la ministre est arrivée en moto-taxi, avec un voile sur le visage. Ainsi déguisée, la ministre s'est alors fait passer pour une patiente ordinaire. Après avoir exposé son (factice) problème de santé, un travailleur de l’hôpital lui a réclamé 150 000 shillings (35 euros) pour réaliser des examens de laboratoire qui sont censés être gratuits. « Je lui ai dit que je n'avais pas d'argent, mais il a insisté », précise la ministre.

La fausse patiente a ensuite été dirigée vers une infirmière auxiliaire pour qu'elle se procure des bandelettes d'analyse. Là encore, on lui a demandé de l'argent. « Cette fois-ci, j'ai payé, mais j'ai ensuite appelé la police qui a arrêté les deux travailleurs », a poursuivi Sarah Opendi. Le directeur adjoint de l'hôpital, Stephen Kyebambe, a tenu à remercier Mme Opendi pour avoir fait arrêter ces deux personnes : « La ministre a mis à jour le racket de ces escrocs dans notre hôpital. » Le fait de demander de l'argent aux patients est monnaie courante dans les hôpitaux publics ougandais, où certaines catégories de travailleurs médicaux ne sont payées que 60 euros par mois.

Avec l'AFP

Charlotte Demarti

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3373