Le procureur de la République vient d'annoncer l'ouverture, dans les jours qui viennent, d'une information judiciaire pour non-assistance à personne en danger et pour homicide involontaire. Selon les éléments médicaux en sa possession, Naomi Musenga est décédée d'une intoxication au paracétamol.
Naomi Musenga, 22 ans, décédait le 29 décembre à Strasbourg quelques heures après avoir appelé le 15. Fin avril, l'enregistrement de l'échange entre la jeune femme et une régulatrice du SAMU a été diffusé par le site alsacien « Heb'di », créant le scandale. Très largement repris sur Internet, l'enregistrement montre le mépris de l'opératrice qui traite l'appel de la jeune femme, ne la prend pas au sérieux et lui dit de contacter SOS Médecins, qui eux-mêmes recommanderont d'appeler le SAMU. Des révélations qui ont entraîné la démission du responsable du SAMU de Strasbourg, la suspension de la régulatrice en cause, suivie d'une procédure disciplinaire, l'indignation de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, le déclenchement d'une enquête de l'IGAS et l'engagement vers une réforme pour améliorer les procédures du SAMU.
Hier, le procureur de la République de Strasbourg, Yolande Renzi, a annoncé qu'elle procéderait « dans les prochains jours, à l'ouverture d'une information judiciaire du chef de non-assistance à personne en péril contre l'opératrice du centre des appels d'urgence et tous autres, ainsi que du chef d'homicide involontaire contre X ». Elle indique avoir reçu plusieurs membres de la famille Musenga et leur avocat la veille pour « évoquer avec eux les éléments médicaux obtenus », expliquant le décès de Naomi « comme étant la conséquence d'une intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours ». Le procureur précise que « la destruction évolutive des cellules de son foie a entraîné une défaillance de l'ensemble de ses organes conduisant rapidement à son décès ».
Également reçue par la ministre de la Santé mercredi soir, la famille Musenga se dit « soulagée » par l'ouverture de cette information judiciaire. Elle demande que « justice soit faite, que les sanctions soient prises, que chacun porte ses responsabilités et qu'on nous facilite l'accès aux informations » du dossier. La famille réfute l'intoxication au paracétamol comme cause du décès de Naomi qui était « bien informée sur la manière de prendre ce médicament ». Le 22 juin dernier, lors d'une conférence de presse de la famille Musenga, le Pr Christian Marescaux, qui intervenait à sa demande, n'y croyait pas non plus et penchait pour un infarctus mésentérique : « Naomi n’est pas morte parce qu’elle a bouffé trop de paracétamol (...) Il y a bien eu une étude toxicologique mettant en avant un fort taux de paracétamol, mais on a fait des prélèvements dans le liquide de l’œil car il n’y avait plus de sang disponible à cause de l’état du corps. Ce n’est pas une bonne approche toxicologique ! Le taux de paracétamol était trop élevé par rapport à la norme : mais on ne peut dire ça avec un dosage tiré de l’œil ».
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