La pharmacie de Saint-Germain-du-Teil, village lozérien de 860 habitants, a rouvert ses portes après cinq mois de fermeture. Depuis le début du mois, la croix verte luit à nouveau sur la devanture de l'officine tenue par Franck Badaroux. Mis en examen pour escroquerie aggravée, doubles facturations, faux et usage de faux et renouvellements de médicaments non prescrits et non autorisés, ce pharmacien de 50 ans avait dû baisser le rideau en décembre, suite à un placement sous contrôle judiciaire particulièrement serré, lui interdisant notamment de séjourner en Lozère, d'exercer sa profession, et d'entrer en contact avec sa collaboratrice et par ailleurs compagne.
« La cour d'appel de Nîmes a jugé que les termes de mon contrôle judiciaire étaient humainement violents. La perquisition ne l'était pas moins, commente-t-il. Les gendarmes sont venus faire une perquisition armés de mitraillettes… Dans un village comme ici, imaginez la mauvaise image que l'on a voulu donner de moi. » Son contrôle judiciaire levé, Franck Badaroux demeure mis en examen pour des accusations qu'il récuse pour certaines avec force, pour d'autres en plaidant une forme de bonne foi, notamment en ce qui concerne la double facturation.
« J'ai acheté un robot pour faire la PDA de 11 établissements qui sont à la fois des foyers de vie et des maisons d'accueil spécialisées (MAS). Jusqu'à présent, je facturais les traitements psychiatriques aux MAS, et les traitements non-psychiatriques à la Sécu. Or ce sont les enquêteurs qui m'ont appris lors de ma garde à vue que la loi avait changé en 2006 et que tout devait être facturé aux établissements. Nul n'est censé ignorer la loi, mais l'information n'est pas arrivée jusqu'en Lozère… Mes confrères font la même chose. En revanche, je n'ai pas facturé à la fois la Sécurité sociale et l'établissement pour une même prestation », se défend Franck Badaroux.
À la mairie, on se dit soulagé que l'officine ait pu rouvrir ses portes. « C'est le commerce principal du village. On y vient des communes alentour. Et pour nos administrés, il fallait aller à La Canourgue qui se trouve à 6 km », explique le maire Jean-Pierre Deltour. « Au départ, les clients ont été choqués parce que les accusations sont très graves. À présent, certains se disent que ces accusations sont peut-être inexactes et qu'il n'y a pas de raison de ne pas retourner à la pharmacie », commente-t-il, avant de préciser qu'il est « comme tout le monde satisfait » que l'officine a pu rouvrir ses portes.
De son côté, le titulaire, qui réalisait 1,4 million d'euros de chiffre d'affaires hors taxes l'an dernier, a dû licencier les préparateurs et techniciens qu'il embauchait. Très remonté et persuadé que « des confrères m'ont faussement accusé par jalousie et méchanceté », il dit espérer pouvoir « apporter tous les éléments de (son) innocence à la justice ». Du point de vue de l'activité, Franck Badaroux assure que les clients particuliers sont revenus. En revanche, les établissements avec lesquels il est en contrat, et qui ont trouvé une solution alternative en son absence, n'ont pas encore fait appel à ses services. « Je viens juste de les informer que nous avions rouvert. »
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires