Il jouait au poker en ligne sur ses lieux de travail

Fin de partie pour le pharmacien kleptomane

Publié le 13/02/2014
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DÉJÀ CONDAMNÉ en France pour plusieurs vols commis dans les pharmacies où il avait exercé, un pharmacien français qui avait poursuivi sa « carrière » dans des officines allemandes proches de la frontière a finalement, de lui-même, rendu son autorisation d’exercice à l’Ordre des pharmaciens allemands.

Il avait travaillé en tant qu’adjoint dans plusieurs officines françaises avant d’être condamné à trois mois de prison pour vol, puis il avait obtenu en 2009 une autorisation d’exercice en Allemagne. Personne, là-bas, ne s’était intéressé à son passé judiciaire, il est vrai trop « léger » pour avoir été transmis à l’Ordre par la justice française. Résultat, il a pu exercer en tant que remplaçant dans plusieurs officines allemandes, en se servant généreusement dans la caisse, dans le coffre et dans les rayonnages. Il était aussi passé maître dans l’art d’encaisser de l’argent liquide sans aucune opération de caisse. Il y a quelques semaines, le personnel d’une officine s’était étonné de le voir passer ses journées, y compris au comptoir, à jouer au poker par Internet, ce qui lui avait valu d’être licencié… mais de retrouver peu après une nouvelle place ailleurs, où il augmenta en quelques jours son salaire d’un bon millier d’euros.

Démasqué la semaine dernière, le pharmacien a renvoyé de lui-même son autorisation d’exercice à l’Ordre, ce qui ne l’empêchera sans doute pas de devoir rendre des comptes à la justice allemande, qui l’a déjà condamné l’automne dernier à un an de prison avec sursis, pour des vols dans des pharmacies. De nombreux titulaires, victimes ou non de ses agissements, se sont d’ailleurs émus de voir que le pharmacien avait pu continuer à exercer malgré ses condamnations. Ils s’étonnent que l’Ordre n’ait pas effectué d’enquête, alors que, dans le même temps, les moindres fautes professionnelles qui lui sont transmises font l’objet d’une instruction… Il est vrai que beaucoup de pharmaciens n’ont détecté les vols que tardivement, et que plusieurs d’entre eux n’ont pas porté plainte en raison de la complexité des procédures et des preuves à fournir. Le pharmacien, pour sa part, explique son comportement par sa dépendance aux jeux d’argent et de hasard.

DENIS DURAND DE BOUSINGEN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3068