Une trentaine de femmes sujettes à des douleurs depuis la pose d'implants censés traiter la descente d'organes ou l'incontinence urinaire ont déposé plainte dans le cadre d’une enquête menée à Paris pour tromperie aggravée et blessures involontaires. En tout, le Parquet de Paris recense 114 signalements.
Depuis avril 2021, une enquête préliminaire est en cours pour tromperie aggravée et blessures involontaires au pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris. L’investigation, confiée à l'Office de lutte contre les atteintes à la santé publique (OCLAESP), cherche notamment à établir si des laboratoires ont sciemment minimisé voire dissimulé les risques que présentaient leurs dispositifs, destinés au traitement de l'incontinence urinaire et des prolapsus des organes pelviens. Ces bandelettes sous-urétrales et autres prothèses de renfort pelvien, posées par voie vaginale ou abdominale et contenant du polypropylène, seraient à l’origine d’effets indésirables graves selon les plaignantes (incontinence, infections, saignements, lésions, douleurs chroniques.) Selon ces dernières, les fabricants auraient également manqué de transparence concernant la difficulté, voire l’impossibilité, de retirer ces dispositifs.
À ce stade, le parquet de Paris confirme avoir été destinataire de « 114 signalements de personnes déclarant avoir subi des désagréments significatifs à la suite de la pose d'implants vaginaux de marques différentes et par des praticiens différents ». Dès 2018, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) incitait déjà les patientes qui utilisaient ces produits à signaler tout effet indésirable grave. Depuis, des dizaines de patientes ont saisi la justice. Une trentaine de plaintes supplémentaires ont été déposées le 8 juillet et ce n’est sans doute pas terminé. « Nous nous réjouissons pour les plaignantes de l'avancée de l'enquête mais des femmes continuent à nous contacter (...) ce qui montre que l'ampleur du problème est sans doute encore sous-évaluée », affirment Mes Dorothée Bisaccia-Bernstein, Laure Heinich, Hélène Patte et Amandine Sbidian, qui représentent désormais plus d'une centaine de plaignantes. « On se bat pour toutes ces femmes, pour que ces bandelettes soient interdites », clame Anne-Laure Castelli, l'une des plaignantes qui a lancé le collectif « Balance ta bandelette », qui regroupe plus de 1 000 personnes.
Dans le monde anglo-saxon, des procédures ont été menées et plusieurs laboratoires ont payé de lourdes amendes pour solder les poursuites. Aux États-Unis, les prothèses posées par voie vaginale ont été classifiées à haut risque en 2016 et interdites en 2019. En France, la pose des implants pour le prolapsus par voie vaginale est suspendue depuis 2019. Ceux posés par voie abdominale et certaines bandelettes sous-urétrales sont toujours autorisés et leur pose est désormais encadrée.
Avec l’AFP
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