Le Quotidien du pharmacien —. Comment lutter contre le manque d'attractivité des métiers de la pharmacie ?
Vincent Lisowski —. Il faut d'abord rappeler le contexte dans lequel nous nous trouvons. Plus de 1 000 places non pourvues en deuxième année de pharmacie cette année, le départ de nombreux étudiants à l'étranger et le constat que la réforme PASS/L.AS n'a pas mis fin à la hiérarchisation des études de santé. Aujourd'hui, la filière pharmacie souffre toujours d'un défaut de visibilité et d'attractivité. La Conférence des doyens de pharmacie a produit un rapport, envoyé au ministère de l'Enseignement supérieur, contenant des propositions d’évolution de la réforme. La première action qu'il faut mener : c'est communiquer auprès des jeunes sur la pharmacie et ses différents métiers. Notre cible prioritaire ce sont les lycéens. Il faut aller leur parler dans les lycées, dans les salons, communiquer au niveau national en disant que l'on manque de pharmaciens et que nous avons besoin de renforts. À leur niveau, les officinaux doivent aussi être acteurs et promouvoir leur métier. Il ne faut pas hésiter à mettre en avant les avantages de la filière, rappeler qu'elle donne accès à des métiers très diversifiés, qui sont rémunérateurs et qui offrent peut-être plus de possibilités d'avoir un équilibre entre vie privée et professionnelle que d'autres métiers de la santé.
Quelles solutions concrètes envisagez-vous ?
Nous devons communiquer mais aussi revenir à un système d'accès aux études plus lisible. Ce que nous proposons, c'est de rendre la filière pharmacie visible et unique sur Parcoursup. Ce changement sur Parcoursup serait une première étape, indispensable pour permettre aux jeunes motivés par la pharmacie d’y entrer directement en première année. Puis, à l’entrée en deuxième année, la promotion comprendrait 70 % d'étudiants initialement admis via Parcoursup et 30 % d'étudiants issus des parcours L.AS et des passerelles. Avec cette voie d'entrée directe, les étudiants qui veulent vraiment faire pharmacie ne seraient pas mis en concurrence avec ceux qui, en PASS ou en L.AS, choisissent trop souvent pharma par défaut. Enfin, nous avons une troisième demande : favoriser le dispositif de passerelles et permettre ainsi de combler les places vacantes en accueillant des étudiants venus d'autres parcours.
À quelle échéance ces mesures pourraient-elles s'appliquer ?
Nos propositions, même si elles sont acceptées, ne pourront pas être mises en place dès la rentrée prochaine. Si l'on veut qu'un accès direct à la pharmacie soit possible sur Parcoursup l'an prochain (en janvier 2024), les concertations doivent aboutir, nous l’espérons, avant cet été. Des réunions auront lieu dans les prochaines semaines avec les ministères concernés. Peut-être que cette première année de pharmacie telle que nous l'imaginons, passera par une expérimentation. Ce phénomène de sous-recrutement en pharmacie inquiète toute la profession. Sera-t-il encore plus important à la rentrée prochaine ? Pour l'instant, nous ne pouvons le dire. Notre responsabilité c'est de réfléchir à des solutions pour ne pas aller dans le mur.
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