Le Quotidien du pharmacien. - La réduction des livraisons de vaccins annoncée par les fabricants risque-t-elle de désorganiser la logistique ?
Hubert Olivier. - Face à ces tensions d’approvisionnement, le gouvernement découvre ce que les grossistes-répartiteurs vivent au quotidien. Cette gestion des flux contraints et complexes est notre savoir-faire, j’ose même dire notre cœur de métier. Nous avons l’expérience des ruptures.
La gestion de ces flux de vaccins ne nous effraie donc pas et surtout elle nous conforte dans le rôle que nous revendiquons : les répartiteurs pharmaceutiques et les pharmaciens d'officine doivent devenir la colonne vertébrale de la stratégie gouvernementale de distribution des vaccins contre le Covid. Ils bénéficient à la fois de la réactivité et de l’efficacité territoriale pour que le nombre de patients et le nombre de doses disponibles correspondent. Le gouvernement ne dispose pas d’une telle solution.
Les répartiteurs, et avec eux les officinaux, ont-ils cependant les moyens de prendre en charge trois vaccins impliquant des délais de rappel différents ?
Il est vrai que la distribution des vaccins contre le Covid constitue une situation nouvelle, en particulier pour ce qui concerne la chaîne du froid. Le vaccin AstraZeneca, et ceux de même profil (2 °C-8 °C) qui arriveront sur le marché, nécessite des procédures que nous connaissons parfaitement bien et toutes les infrastructures sont en place. Nous sommes prêts à répondre à cet enjeu. Nous assurons une traçabilité exemplaire, une gestion des stocks la plus fine possible et garantissons l’intégrité des vaccins sur le dernier kilomètre.
Qu’en est-il, en revanche, des vaccins à ARN messager qui imposent des conditions de conservation plus techniques ?
Effectivement, pour le vaccin Moderna les conditions sont différentes. Il faut pouvoir assurer un stockage dans les établissements à - 20 C° et organiser, à la même température, un transport entre les établissements et les officines. À chaque répartiteur d’évaluer ses capacités et d’apprécier l’investissement nécessaire pour répondre à cet enjeu. Mais bien entendu, tout cela n’a de sens que si le gouvernement décide de distribuer, via la répartition, des quantités significatives. Il faut qu’il y ait une volonté et une capacité pour enclencher des flux importants.
En va-t-il de même pour le vaccin Pfizer/BioNTech ?
Pour ce vaccin qui requiert un stockage très particulier, ce n’est évidemment pas une bonne approche que d’équiper chacune des 180 agences de répartition en supercongélateurs. Pour autant, nous pouvons être sollicités par des ARS, des GHT* ou des centres hospitaliers pour assurer le transport vers les pharmacies d’officines. Cela ne figure pas à notre cahier des charges habituel mais les répartiteurs qui le souhaitent pourraient répondre à cette nouvelle sollicitation, dans le prolongement de la collaboration effectuée depuis plusieurs mois pour livrer aux officines les produits de la sortie hospitalière. La répartition a géré plus de 10 000 traitements, dont la moitié a été assurée par OCP.
La répartition soutient-elle les pharmaciens qui veulent vacciner en officine ?
Oui et sans hésitation. Les représentants de la profession ont raison de se mobiliser pour que le gouvernement fasse confiance aux pharmaciens d’officine pour la distribution et l’administration des vaccins anti-Covid. Le seul lieu où l’on doit vacciner massivement contre le Covid doit être l’officine. À partir du moment où il y aura des stocks de vaccins suffisants, la pratique va démontrer que le meilleur choix possible, c’est bien la pharmacie.
*Groupement hospitalier de territoire.
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