Les pharmacies implantées dans les stations de montagne vont être durement touchées par l’arrêt des activités sportives. L’USPO a alerté le gouvernement sur les difficultés économiques qui menacent ces officines et invite leurs titulaires à se manifester.
Pour les pharmaciens des stations de ski, la décision de gouvernement de fermer les remontées mécaniques pendant les fêtes de fin d’année risque d’être la descente aux enfers. Certaines de ces officines, qui réalisent 50 à 70 % de leur chiffre annuel entre décembre et février, pourraient même ne pas s'en relever. Elles sont pourtant parmi les oubliés de la liste des bénéficiaires des aides annoncées le 29 novembre par Jean Castex. Le Premier ministre avait en effet promis un soutien économique équivalent « à 15 % à 20 % du chiffre d'affaires aux entreprises des secteurs affectés par la crise, comme l'hôtellerie, le tourisme ou l'événementiel, et dont le chiffre d'affaires a chuté au moins de moitié ». « Nous ne remettons pas en cause la décision gouvernementale dans le cadre des mesures sanitaires, mais nous voulons être considérés comme un secteur d’activité touché par la fermeture des pistes. Il faut que le gouvernement revoie sa liste ! », plaide Marc Ferraris, titulaire de la Pharmacie de la Forêt blanche à Risoul, dans les Hautes-Alpes, un département dans lequel un pharmacien sur cinq est concerné.
Comme de nombreux pharmaciens de montagne, il avait déjà été frappé de plein fouet par le premier confinement. « Pendant cette période, j’ai réalisé 2 % de mon chiffre d’affaires habituel », déplore-t-il. La chute pourrait être fatale à de nombreux pharmaciens des stations alpines et pyrénéennes si une troisième vague de l’épidémie survenait en février. C’est ce que redoute Ingrid Filliol, co-titulaire de la pharmacie du Mont-Cenis à Val-Cenis (Savoie). « Les touristes ne vont pas skier mais ils ont réservé de grands appartements pour se retrouver en famille ou entre amis. Ces rassemblements risquent de provoquer une troisième vague, de nouvelles mesures, et par conséquent de compromettre notre activité en janvier et en février. C’en sera alors fini de la saison », expose cette pharmacienne qui étaie ses craintes par des chiffres : « de 30 clients jour en intersaison, une pharmacie de station comme la nôtre passe à 600 clients jours en saison. »
Ingrid Filliol est d’autant plus inquiète pour l’avenir qu’elle et sa consœur ont racheté cette officine au 1er novembre sur la base du chiffre d’affaires des années précédentes. Les deux pharmaciennes avaient même commencé des travaux de rénovation qu’elles ont interrompus à l’annonce des mesures gouvernementales. Mais elles avaient aussi embauché du personnel pour la saison : « on leur avait demandé de venir à l’avance pour nous aider à préparer la nouvelle officine, on ne va quand même pas les renvoyer. Ça m’embêterait de les mettre au chômage partiel », déclare Ingrid Filliol.
L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) s’est saisie de la situation de ces pharmaciens de montagne. Gilles Bonnefond, président de l’USPO, déclare avoir alerté le gouvernement de leurs difficultés économiques. « Les services du président nous ont assuré qu’une solution leur serait proposée et serait précisée dans les dix prochains jours », annonce-t-il, enjoignant les pharmacies de montagne concernées à adresser un mail à l’USPO (uspo@uspo.fr).
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