LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - Selon vous, la réforme de la première année des études de santé (PACES) est-elle un succès ?
VALÉRIE PÉCRESSE. - Il est un peu prématuré de faire un bilan, car nous sommes vraiment dans la première année de la réforme. Son objectif était de mettre en place des études communes de santé, mêlant en première année l’ensemble des étudiants qui ont choisi ce domaine, afin qu’ils se connaissent, reçoivent une formation commune et bénéficient plus facilement de débouchés et de passerelles. La réforme en est au stade du rodage et de l’analyse critique. Il faudra évidemment encore apporter certaines améliorations.
Les associations d’étudiants (FAGE) dénoncent de nombreux problèmes organisationnels. Quels sont les points qui pourraient être améliorés ?
Le programme de la PACES est national, mais les modalités d’organisation relèvent exclusivement des établissements. J’ai néanmoins lancé une grande enquête auprès des universités pour obtenir d’ici à l’été des informations sur les problèmes rencontrés. Les remarques formulées nous permettront d’apporter des améliorations. Un certain nombre de difficultés ont déjà été cernées, auxquelles on peut facilement remédier en aménageant les modalités d’organisation des enseignements et du contrôle des connaissances. Par exemple, une répartition plus équilibrée des enseignements entre les deux semestres peut être envisagée, de même que l’augmentation du temps accordé aux révisions. Nous pouvons aussi travailler davantage sur la numérisation des cours, car l’expérience est très prometteuse en termes de réussite dans les universités qui l’ont mise en place. Il faut également organiser le tutorat afin qu’il soit aussi bien dispensé sur l’ensemble du territoire. Enfin, concernant les problèmes de logement, nous avons lancé un grand plan sur le logement étudiant avec 44 000 chambres mises à la disposition des étudiants depuis 4 ans (16 000 constructions, 28 000 réhabilitations). J’ai également contacté les bailleurs privés pour leur annoncer que, s’ils acceptaient de louer à des étudiants, les CROUS pourraient se porter garants des loyers. Cela permettra d’élargir le parc de logements.
Que pensez-vous de la proposition de la FAGE de mettre en place un référentiel national des offres de passerelles ?
C’est une proposition intéressante. Les universités sont autonomes, mais il serait utile que chaque université publie les passerelles qu’elle propose sur son site Internet. C’est une information que les étudiants sont en droit d’attendre.
Avez-vous des idées pour pallier le problème d’attractivité du concours de pharmacie ? Que pensez-vous de la proposition de la FAGE d’enseigner l’UE6 (initiation à la connaissance du médicament) au premier semestre ?
Je ne crois pas que le concours de pharmacie souffre d’un problème d’attractivité mais je serai en mesure de répondre lorsque la commission pédagogique nationale des études de santé (CPNES) aura fait le bilan de cette première année. La proposition d’enseigner l’UE6 au premier semestre relève de la responsabilité des établissements. C’est donc à chaque université de prendre cette décision.
Que pensez-vous de la proposition du PS, dans son projet pour 2012, de supprimer le numerus clausus en première année de santé ?
Le numerus clausus a été créé pour s’adapter aux besoins des professionnels de santé dans le temps. Avant son instauration, nous étions dans l’incapacité de prévoir le flux de médecins et de pharmaciens, et de leur assurer une bonne formation. Penser que, en le supprimant à nouveau, on va régler le problème des déserts médicaux, c’est proposer une mauvaise solution à un vrai problème. L’augmentation du nombre de médecins ne les forcera pas à s’installer dans tous les territoires et les pharmaciens sont déjà soumis à une régulation territoriale.
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